Février 2025
Plaisir matinal et coup de pouce énergétique, composante d’une alimentation équilibrée, secteur dynamique pour les entreprises alimentaires... Le petit déjeuner met tout le monde d’accord. À table !
Naguère, on l’appelait tout simplement « déjeuner », car le verbe signifiait rompre le jeune (dé-jeûner) après la nuit. Or, lorsque le terme est monté en grade pour désigner le repas du milieu de journée, le repas du matin est alors devenu le « petit déjeuner ». (Pour découvrir comment s’est effectué ce glissement lexical il suffit de consulter notre Quiz des mots du repas...)
À quoi sert le petit déjeuner ? Pas si simple qu’on le pensait
Au plan énergétique, le petit déjeuner a pour fonction de reconstruire les réserves que notre organisme a consommé pendant la nuit. Particulièrement le cerveau qui, même au repos, a besoin en permanence du glucose apporté par les glucides présents dans l’alimentation. Comme le rappelle le site officiel du Programme National Nutrition Santé (PNNS), MangerBouger.fr [1], « le petit-déjeuner revêt une importance capitale dans votre alimentation. En effet, après une bonne nuit de sommeil, votre corps a besoin d’énergie pour entamer une longue journée. » Mais au-delà de cette notion essentielle, le regard scientifique a évolué au cours des dernières années, précisant la place du petit déjeuner dans les répartitions des apports de la journée.
Ainsi, les études récentes confirment les effets bénéfiques du petit déjeuner, déjà connus, sur la gestion du poids (Anses, 2024 [2]). Le dîner est aussi un paramètre à prendre en compte : on sait que le jeûne pendant le sommeil est bon pour la santé, mais à une double condition. Primo, la prise du dîner doit être éloignée de l’heure du coucher, secundo il ne faudrait pas sauter le petit déjeuner. Un dîner trop tardif et/ou trop copieux peut générer un manque d’appétit au petit déjeuner. Or, sauter ce repas matinal peut modifier la répartition des prises alimentaires, ce qui peut entraîner une augmentation des apports caloriques, notamment en fin de journée. Et ainsi de suite… Une durée de sommeil trop courte et un manque d’activité physique sont d’autres facteurs qui peuvent expliquer le manque d’appétit le matin, notamment chez les enfants (Anses, 2024 [3]).
Que manger au petit déjeuner ? Des repères souples...
Au niveau quantitatif, il n’existe pas de consignes alimentaires gravées dans le « marbre » de la table familiale car le contenu du premier repas est à adapter en fonction du mode de vie du foyer et de la répartition des apports alimentaires sur l’ensemble de la journée. En France, les autorités de santé publique prônent une approche basée sur l’équilibre et la régularité des repas plus que sur leur nombre.
Ainsi, le PNNS émet pour le petit déjeuner des conseils [4] sans imposer de composition spécifique. Il recommande d’y intégrer :
- Une boisson pour bien commencer la journée (thé, café, eau…)
- Un fruit, de préférence entier pour ses apports en fibres ; à défaut, un jus pressé « maison ».
- Un produit céréalier, comme du pain (de préférence complet ou aux céréales)
- Un produit laitier : yaourt, lait, fromage…
En cas de manque d’appétit le matin, il est conseillé d’emporter un petit déjeuner. Bien sûr, ces repères de base sont à personnaliser selon ses envies et ses goûts, sans se priver d’y intégrer la dimension du plaisir alimentaire. Par exemple avec une touche de sucré (confiture...), et de temps en temps une viennoiserie ou un gâteau fait-maison.
Qui petit déjeune ? Ceux qui ont de l’appétit, du temps... et du budget
Depuis plusieurs années, les études s’accordent pour estimer que 70 % des Français prennent un petit déjeuner tous les jours ou au moins pendant la semaine. Ce chiffre est confirmé par une récente enquête Appinio-LSA [5] qui relève également que 73 % des adeptes du petit déjeuner considèrent celui-ci comme le repas le plus important de la journée. Il existe néanmoins des disparités selon les tranches d’âge avec, aux deux extrémités du spectre, les jeunes de 15 à 24 ans – chez qui la pratique du petit déjeuner tombe à 57 % – et les seniors de 55 à 65 ans, qui sont 83 % à prendre un petit déjeuner.
Bien que la prise de petit déjeuner soit largement majoritaire au sein de la population, il n’en demeure pas moins que trois Français sur dix passent à travers. Si le manque de temps et/ou d’appétit est le plus souvent évoqué, la contrainte économique est devenue une réalité de plus en plus prégnante. Ainsi, la part de personnes déclarant ne pas pouvoir se le permettre a doublé entre 2016 et 2023, passant de 4 à 8 %. Un phénomène d’autant plus préoccupant qu’il implique directement les plus jeunes : un enfant sur cinq en 2023, soit quatre fois plus qu’en 2016 [6]. Cette situation contribue à creuser les inégalités sociales en raison de l’impact sur la scolarité. De fait, huit enseignants sur dix confirment que les enfants qui arrivent en ayant faim sont fatigués et ont du mal à se concentrer en classe [7].
Que mange-t-on au petit déjeuner ? Du plaisir avant tout !
Selon une étude réalisée en 2024 [8], 75 % des Français plébiscitent la formule tartine, beurre et/ou confiture, jus de fruits frais et boisson chaude. Les viennoiseries sont aussi un pilier du petit déjeuner pour 32 % de nos compatriotes. Cet attachement à la place du sucré dans le petit déjeuner se lit dans les achats effectués en grandes surfaces. En effet, sur un marché des produits pour petit déjeuner légèrement orienté à la baisse en volumes (-2,3 % en 2023), les ventes de viennoiseries restent stables et les confitures « riches en fruits » font un bond de +8 %. Ces indicateurs témoignent de l’ancrage du petit déjeuner sucré « à la française » qui continue à se démarquer du modèle anglo-saxon, plutôt basé sur le salé.
La sensation de faim et le besoin d’énergie sont, en toute logique, les motivations premières des petits déjeuneurs. Ils n’en sont pas moins 78 % à considérer ce rituel comme un moment de bonheur (OpinionWay). Et pour 45 % d’entre eux, ce serait même leur repas préféré (Observatoire Cetelem) ! Ce constat rejoint celui effectué récemment par L’Observatoire des comportements et goûts sucrés dont la dernière étude montre que les Français ont un rapport très ritualisé à leurs consommations sucrées. Le petit déjeuner est ainsi un pilier de cette ritualisation aux côtés de la prise de dessert en fin de repas et du temps consacré à la pâtisserie maison.
Le bonheur commencerait-il au petit déjeuner ?
La fidélité des consommateurs au petit déjeuner sucré montre que le plaisir alimentaire traditionnellement associé au sucré favorise l’intérêt pour le premier repas de la journée. Un levier d’autant plus intéressant qu’une équipe de psychologues et nutritionnistes de l’Anglia Ruskin University (Royaume-Uni) a récemment établi une corrélation entre petit déjeuner et satisfaction de vie [9]. 150 000 enfants et adolescents de 42 pays ont été mobilisés pour cette étude dont les résultats montrent que plus le petit déjeuner est consommé régulièrement, plus le score de satisfaction de vie s’élève... Repas utile pour notre bien-être et moment de plaisir, le petit déjeuner serait de surcroît une source de bonheur ! Autant de raisons de ne pas le « zapper ».
[1] MangerBouger.fr
[2] Anses, 2024
[3] Anses,2024
[4] PNNS
[5] enquête Appinio-LSA
[6] Enquête européenne Kellanova-Spark Market. Source : LSA, 30 mai 2024.
[7] Source : idem
[8] OpinionWay-HelloFresh. Source : idem
[9] Source : Santé Log