Avril 2023
Depuis les champs de betteraves jusqu’au sucre prêt à être expédié, la filière Sucre française emploie des professionnels d’un haut niveau de compétences qui exercent une grande diversité de métiers, souvent propres au secteur sucrier. Visite guidée.
Agriculture : les racines de la filière sucre
En amont de la filière, la partie agricole représente 23 500 « planteurs » auxquels s’ajoutent les métiers liés aux semences, à la recherche agronomique et aux services rendus aux agriculteurs.
Le planteur
L’agriculteur qui cultive des betteraves sucrières est appelé « betteravier » ou, plus souvent, « planteur ». Il plante ses betteraves au printemps pour les récolter en automne dans le cadre d’un plan de rotation culturale (alternance de cultures et de couverts végétaux) et dans le respect des protocoles agronomiques, sanitaires et environnementaux. Pour en savoir plus, voir notre article « Profession planteur »
Le semencier et le multiplicateur de semences
Les semenciers ont pour mission de sélectionner les variétés de betteraves les plus adaptées aux besoins des planteurs (il en existe plus de 400 inscrites au Catalogue des espèces et variétés de plantes cultivées). À partir des graines de lignée, ils font pousser de petites betteraves, appelées « planchons », qu’il confie ensuite à des agriculteurs multiplicateurs qui les cultivent de manière à leur faire produire des graines en grande quantité (un hectare donne 1,5 à 2 tonnes de graines permettant d’ensemencer jusqu’à 800 hectares). Là encore, la multiplication des semences de betteraves sucrières requiert un savoir-faire particulier en raison de caractéristiques biologiques qui distinguent fortement cette plante des autres plantes de grande culture. Pour en savoir plus ces métiers, cliquer ici.
Les machinistes agricoles
Toutes les exploitations agricoles possèdent au moins un tracteur et des outils qui peuvent y être attelés. Mais les tâches les plus lourdes nécessitent des matériels spécifiques, souvent de grande envergure et très onéreux : semoirs, arracheuses de betteraves, déterreuses… Mutualisés via les coopératives ou fournis par des Entreprises de travaux agricoles (ETA), ces engins sont pilotés par des conducteurs de machines agricoles et entretenus par des machinistes spécialisés.
Les ingénieurs et techniciens de la recherche
La betterave sucrière et ses méthodes culturales font l’objet de recherches scientifiques et techniques constantes, notamment à travers une structure dédiée, l’Institut Technique de la Betterave (ITB), et au sein des équipes de Recherche et Développement des entreprises sucrières. Ces travaux s’appuient sur des ingénieurs et techniciens spécialistes des disciplines concernées : agronomie, chimie, biologie, biotechnologies, digital, big data… Parallèlement, ces structures mettent au service des agriculteurs des techniciens de terrain qui leur apportent des services ciblés : conseils, analyses de sol, outils d’aide à la décision…
Industrie : les spécificités de la production sucrière
La culture du « double métier »
Le travail d’une sucrerie est rythmé par la campagne sucrière (d’environ mi-septembre à janvier). Pendant cette période, les collaborateurs se consacrent à l’extraction du sucre. Le reste de l’année – autrement dit entre deux campagnes sucrières – ils effectuent les opérations de maintenance et d’entretien de l’outil industriel.
Cette spécificité se répercute sur les métiers de production. En effet, tous les collaborateurs ont une double compétence : une compétence de conduite du process sucrier qu’ils exercent pendant la campagne sucrière, une compétence technique de maintenance qu’ils exercent en intercampagne.
Les collaborateurs sont ainsi recrutés pour leur « métier de base » (chaudronnier, électricien, mécanicien, électromécanicien, soudeur…) et la filière se charge de les former aux métiers propres au fonctionnement de la sucrerie.
Un vivier d’emplois diversifiés
Quelles que soient les qualifications, les sucreries proposent des postes dans quatre catégories socio-professionnelles : ouvriers qualifiés, employés, agents de maîtrise, cadres.
Au-delà des métiers de production, les sucreries proposent des emplois dans les fonctions transverses et/ou administratives : QHSE (qualité, hygiène, sécurité, environnement), laboratoire et analyses, achats, travaux, comptabilité-gestion, ressources humaines …
Enfin, pour faire face à l’intense activité de la campagne sucrière, les sucreries emploient également un important contingent de collaborateurs ponctuels (intérim, CDD) qui prêtent main forte aux équipes de production et qui, pour la plupart, reviennent d’une année sur l’autre.
Voir notre article consacré à la structure de l’emploi et à la formation au sein de l’industrie sucrière .
Les métiers du process sucrier
Le travail d’extraction du sucre est opéré par des professionnels spécialement formés à cette activité et dont les intitulés de postes reflètent les niveaux de qualification et d’expérience : conducteur, chef de poste, surveillant, chef de fabrication, ingénieur process, directeur technique... La sucrerie est divisée en secteurs et ateliers aux tâches bien définies, avec une répartition de la responsabilité des étapes pouvant varier d’une sucrerie à l’autre.
La réception des betteraves
À leur arrivée à la sucrerie, les lots de betteraves sont pesés et des échantillons sont prélevés par des collaborateurs chargés de mesurer différents paramètres – notamment la richesse en sucre des racines – qui en déterminent le prix d’achat.
Le stockage et le lavage
Considérés comme les premiers maillons du procédé sucrier, le responsable de l’atelier Cour-Lavage et ses collaborateurs interviennent en amont de la phase d’extraction. Du parc à betteraves aux lavoirs, ils assurent l’approvisionnement de la sucrerie en racines de betteraves à sucre.
La diffusion
Le conducteur de Diffusion (ou « conducteur avant ») est responsable de l’opération la plus emblématique de la fabrication du sucre de betterave : la diffusion. Assisté d’opérateurs, il pilote le procédé consistant à plonger des lamelles de betteraves (cossettes) dans une eau chaude pour en extraire le sucre et obtenir un jus sucré qui sera ensuite filtré et concentré.
La cristallisation
C’est dans les imposants « cuiseurs » de l’atelier cristallisation que se forme le cristal de sucre. Sous le regard attentif du conducteur de Cristallisation (ou « conducteur arrière »), il grandit et se démultiplie en une multitude de cristaux qui flottent en suspension dans le sirop de betterave.
Le conditionnement
Après évaporation, épuration et séchage, le sucre cristallisé est prêt à être conditionné. Ultime maillon du procédé sucrier le responsable Conditionnement coordonne l’atelier où le sucre revêt la forme et l’emballage qui arriveront chez ses utilisateurs.
Autant de métiers et d’activités qui sont, elles-mêmes, des sources d’emplois au cœur des territoires de production sucrière. On estime ainsi que chaque emploi au sein d’une sucrerie génère 10 à 14 emplois indirects et induits, soit 90 000 emplois pour un effectif total de 6 000 collaborateurs employés à temps plein dans les 21 sucreries de l’Hexagone.