Décembre 2024
Cultures Sucre a participé aux 62e Journées d’études de l’Association française des Diététiciens Nutritionnistes (26-28 novembre 2024) afin d’y présenter les résultats de la seconde étude diligentée par l’Observatoire des comportements et goûts sucrés. Un nouveau pas pour éclairer nos relations aux goûts sucrés.
Cultures sucre est régulièrement partenaire de congrès en nutrition via la mise à disposition de documents autour des sucres et de l'alimentation. Pour la première fois, ce partenariat a pris la forme d’une conférence organisée, le 26 septembre 2024, dans le cadre des Journées d’études de l’Association française des Diététiciens Nutritionnistes (AFDN), un événement phare où, chaque année, des praticiens, chercheurs et scientifiques viennent présenter leurs travaux [1]. Devant un auditoire d’une centaine de professionnels, la conférence a permis de dévoiler les résultats de la dernière étude réalisée par l’Observatoire des comportements et goûts sucrés. Parallèlement, une synthèse des résultats a été diffusée aux 2 000 participants de cet événement.
Créé en 2022 par Cultures Sucre et piloté par deux experts indépendants [2], l’Observatoire se consacre, en effet, à un domaine peu exploré – l’attitude des consommateurs face à la diversité et à la complexité de ces goûts sucrés – en s’appuyant sur une méthodologie inédite associant des compétences pluridisciplinaires (psychologie, sociologie, nutrition, éducation au goût...). Comme l’a expliqué Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre, à l’auditoire composé de professionnels de la diététique et de l’alimentation, « beaucoup de travaux documentent le contenu et le mode de consommation de produits sucrés mais on sait encore peu de choses sur le "pourquoi", autrement dit sur ce qui motive les consommateurs à recourir aux goûts sucrés. » Une tâche d’autant plus ardue que le sucré recouvre un univers singulièrement complexe et diversifié, caractérisé par une multitude de produits vecteurs de goût sucré et de représentations associées à ces produits.
Les Français aiment ritualiser leurs consommations sucrées
Afin d’approfondir les résultats d’une première étude qualitative réalisée en 2023 avec l’institut C-ways, l’Observatoire a reconduit cette collaboration dans le but d’explorer les processus motivationnels des habitudes alimentaires sucrées sur un échantillon de 1 500 personnes représentatif de la population française. L’originalité de cette démarche consistait à croiser des données sur les habitudes alimentaires (socio-démographie, régimes alimentaires, consommations) avec les perceptions associées à neuf aliments représentatifs de goûts sucrés : sucre, miel, fraise, banane, gâteau au chocolat, sucrette, ketchup, lait, purée.
Les enseignements de l’étude intéressent à la fois les praticiens et les spécialistes de santé publique dans la mesure où ils ouvrent de nouvelles voies pour appréhender le rapport des consommateurs aux goûts sucrés et le rôle de ceux-ci dans les choix et préférences alimentaires. Et cela tant au niveau individuel, dans le cadre de la consultation, qu’au niveau de la population, en général. Certes, les premiers résultats ne prétendent pas couvrir toute la complexité et la diversité des interactions entre goûts sucrés et comportements, mais ils démontrent qu’il existe bel et bien un axe de recherche prometteur pour mieux appréhender la diversité de nos relations aux goûts sucrés et ce qui motive nos consommations.
Les 4 points à retenir de l’étude quantitative 2024
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accéder à la synthèse des résultats)
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Les Français ont un rapport ritualisé à leurs consommations sucrées à travers trois temps forts : le petit déjeuner à dominante sucrée, la prise du dessert en fin de repas, le temps consacré à la pâtisserie maison.
- Le sucre n’est pas ici l’aliment le plus représentatif du goût sucré : le gâteau au chocolat et le miel y sont plus associés que le sucre lui-même.
- Les représentations des goûts sucrés sont encore plus multiformes qu’on ne le présupposait. Par exemple, l’intensité perçue du goût sucré est déterminée par l’aliment (et non par le pouvoir sucrant) ; la représentation du caractère « doux » diffère selon l’aliment vecteur (banane, gâteau au chocolat, sucre).
- Deux groupes de consommateurs aux perceptions fortement opposées se distinguent chez les interrogés. Les « diversifiés », qui varient les prises alimentaires sucrées et en apprécient à la fois les aspects fonctionnels et émotionnels ; les « détachés », qui n’ont pas de consommation ritualisée (absence de petit déjeuner et de fait maison), ne donnent pas une place particulière aux produits sucrés dans leur quotidien et ne se reconnaissent pas dans les attributs habituels des goûts sucrés (douceur, réconfort, énergie...).
Autre constat étonnant, ces représentations ne dépendent ni du statut pondéral des individus, ni de leur lieu de vie, ni du régime alimentaire suivi (restriction alimentaire, régime pour prise de poids, végétarisme ou véganisme). En revanche, le statut social semble être un élément déterminant que la poursuite des études devra éclairer.
[1] Les présentations sont examinées et sélectionnées en amont de l’événement par la Commission Scientifique et Recherche de l’AFDN.
[2] Laurent Aron, sémiologue, enseignant en Sciences du goût et chercheur associé à l’Université Paris-Cité, et Aymery Constant, docteur en Psychologie de la santé et maître de conférences à l’École des Hautes Études de Santé Publique de Rennes.