Janvier 2025
Davantage de fruits à coques (+59 %), de légumineuses (+22 %) et de produits complets (+7 %) ; et moins de viande rouge (-19 %), de céréales raffinées (-18 %) et de boissons sucrées (-15 %) : les consommations des Français prendraient-elle le chemin d’une alimentation plus saine et durable ? C’est ce que suggère, du moins pour certains consommateurs et certains groupes d’aliments, l’analyse de l’évolution des consommations alimentaires de 17 187 participants de la cohorte NutriNet-Santé entre 2014 et 2022 (Figure). Si cette cohorte n’est originellement pas représentative de l’ensemble de la population française, les chercheurs ont ici pris soin de corriger ce biais par des pondérations.
Aux côtés des améliorations enregistrées, la consommation d’autres groupes aliments moins favorables à la santé (charcuterie, + 35 %) a certes continué à croître mais le score reflétant la qualité nutritionnelle globale du régime (Comprehensive Diet Quality Index) se trouve amélioré. Des disparités existent toutefois selon les profils des consommateurs : ainsi, les femmes affichent des consommations plus élevées d’aliments végétaux clés dans la transition vers une alimentation durable. Le niveau d’éducation va également de pair avec des consommations accrues de produits complets et moindre de viande rouge. La consommation de cette dernière varie également en fonction du niveau de revenu : les personnes les plus aisées continuent d’en consommer plus mais c’est chez elles que l’on observe la plus grande diminution. Enfin, les légumineuses – pilier de l’alimentation durable, à la fois abordables et bénéfiques pour la santé et l’environnement – étaient davantage consommées chez les étudiants et les personnes aux plus bas revenus.
Alors qu’une alimentation durable est encore trop souvent perçue comme chère et contraignante, pour des bénéfices mal connus, les chercheurs suggèrent la mise en place d’initiatives améliorant cette perception (ex. politiques d’encadrement des prix, campagnes de communication et ateliers pratiques…).

Figure : Trajectoires alimentaires entre 2014 et 2022 chez 17 187 Nutrinautes