Mai 2025L’intelligence artificielle permet désormais de générer des images d’aliments, utilisées dans différents contextes comme le marketing ou la recherche. Toutefois, ces images présentent parfois des anomalies ou au contraire un excès de perfection, et pêchent ainsi par manque de réalisme.
Une équipe allemande montre que
de telles images sont perçues comme moins plaisantes et plus étranges/dérangeantes, à la fois par rapport à des images réelles d’aliments (vraies photos d’aliments) et à des images non réelles (dessins d’aliments). Cet effet est décrit comme l’effet de « vallée de l’étrange » (cf. courbes en U sur la figure 1), historiquement mis en évidence dans les réactions de personnes face à des robots humanoïdes. Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont exposé 95 sujets à une quarantaine d’images plus ou moins réalistes d’aliments (Figure 2) puis ont demandé aux sujets de noter le degré d’étrangeté (sur une échelle allant de inquiétant/étrange à banal/normal), d’attrait (de plaisant à répugnant), de réalisme (de non-réel à réel). Les sujets renseignaient également, via des questionnaires dédiés, leur sensibilité au dégoût alimentaire d’une part, et leur degré de néophobie alimentaire d’autre part, permettant aux chercheurs de tester si ces deux traits individuels modulaient la réaction face aux différentes images.
Seule la néophobie alimentaire ressortait alors comme un modulateur significatif de l’étrangeté perçue. Interprétation des chercheurs ? Le sentiment d’étrangeté éprouvé face à des images, manquant de réalisme, générées par l’IA
semble davantage résulter de la peur de la nouveauté que du dégoût alimentaire.
Ces résultats précisent par quels mécanismes certaines images générées par l’IA manquant de réalisme sont parfois mal perçues par les sujets qui y sont exposés. Ils pourraient expliquer les réactions des consommateurs face à des publicités alimentaires générées par l’IA, ou encore
éclairer les travaux de recherche sur les perceptions alimentaires de différentes populations (situation d’obésité, de troubles du comportement alimentaire), par exemple en faisant varier le degré de nouveauté/naturalité d’aliments présentés à des patients.
Figure 1 : Effets de « vallée de l’étrange » associés aux images d’aliments imparfaites générées par l’IA
Les images d’aliments générées par l’IA présentant des imperfections/incohérences (carrés rouge) était perçues comme moins plaisantes (à gauche) et plus étranges (à droite), à la fois par rapport à des photos réelles d’aliments (ronds verts) et par rapport à des dessins (non réels) d’aliments (losanges violets).
Figure 2 : Images d’aliments présentées par degré de réalisme : les 6 premières
sont des dessins d’aliments (non réels), les 5 dernières des photos
d’aliments réels, les autres des images d’aliments imparfaites.