Mars 2025
Jusqu’à 40 % des patients ayant subi une chirurgie bariatrique expérimentent des épisodes de perte de contrôle alimentaire (LOC, pour loss of control) [1] – s’apparentant au binge eating – risquant de compromettre la bonne gestion du poids sur le long terme. Alors que les affects négatifs (désarroi, honte…) sont suspectés d’être impliqués dans le déclenchement de ce type de d’épisodes, des chercheurs ont voulu voir si la relation entre affects négatifs et épisodes de LOC alimentaires se renforçait au-delà de la période de « lune de miel » post-chirurgie bariatrique, c'est-à-dire la première année, au cours de laquelle la perte de poids et la réduction des troubles métaboliques associés sont les plus importants. Dans une étude menée aux Etats-Unis, ils ont ainsi demandé à 143 patients (44 ans en moyenne, 87 % de femmes) ayant subi une chirurgie bariatrique de renseigner via leur smartphone, plusieurs fois par jour pendant une semaine par an, tous les ans pendant les 3 années suivant leur opération :
- Leurs affects négatifs (5 types d’affects notés sur une échelle de 1 à 5 : degré de contrariété, d’agressivité, de honte, de nervosité, de peur).
- Leurs épisodes de LOC (4 questions notées sur une échelle de 1 à 5 pour valider l’épisode, par ex. « Pendant que vous mangiez, dans quelle mesure avez-vous ressenti une perte de contrôle ? »)
Les chercheurs montrent que des scores plus élevés d’affects négatifs sont associés à des épisodes ultérieurs plus sévères de LOC. En analysant les données pour chaque individu, les chercheurs confirment leur hypothèse : la relation entre affects négatifs et LOC s’intensifie entre les 2 ans et les 3 ans post chirurgie bariatrique. Or, cette période coïncide avec le début de la reprise de poids. Ces résultats, bien qu’observationnels, révèlent ainsi une fenêtre de temps critique dans laquelle une meilleure gestion des émotions et une réduction des épisodes de LOC pourraient favoriser une meilleure gestion du poids. Ils pourraient inspirer des interventions en psychologie ciblant la régulation des affects négatifs afin de limiter les épisodes de LOC et de maintenir les résultats de la chirurgie bariatrique.