Juin 2025La période de la grossesse est souvent caractérisée par des envies alimentaires compulsives, c’est-à-dire des désirs intenses de consommer des aliments spécifiques (en Anglais :
food cravings).
Une étude examine si ces envies compulsives sont réellement différentes entre les femmes enceintes et celles n’étant pas en période de grossesse. Cette étude transversale néo-zélandaise se focalise sur les
aliments dits réconfortants, ici définis comme étant des aliments procurant une consolation ou une sensation de bien-être psychologique et émotionnel.
Concrètement,
485 femmes enceintes ou ayant récemment accouché ont été interrogées sur leurs envies alimentaires compulsives d’aliments réconfortants pendant la grossesse. Ces données ont été comparées à celles issues d’un groupe témoin de
382 femmes, non enceintes, qui ont rapporté leurs envies compulsives alimentaires sur les trois derniers mois. Les auteurs ont aussi recueilli les
descripteurs sensoriels et émotionnels associés à ces épisodes de
food cravings.
Moins de confiseries, plus de fruits
Les résultats montrent tout d’abord que
94 % des participantes rapportent des envies alimentaires compulsives pendant la grossesse, dont 64 % déclarant que les aliments désirés en étant enceintes sont différents de ceux désirés hors période de grossesse.
Si les premiers aliments concernés par les envies compulsives sont identiques dans les deux groupes : les
bonbons et confiseries, il est important de noter que ces
envies compulsives sont nettement moins fréquentes chez les femmes enceintes (36 %), comparativement au groupe témoin (62 %). Au contraire,
les épisodes compulsifs pour les fruits (hors agrumes) sont plus fréquents pendant la grossesse (29 % vs 13 % dans le groupe témoin).
Les auteurs font l’hypothèse que cette différence pourrait s’expliquer par une
perception accrue du goût sucré pendant la grossesse (réduisant ainsi l’intérêt porté aux confiseries) et/ou par une
attention plus importante à la santé (expliquant l’attention envers les fruits).
Un goût plus marqué pour les aliments froids et les textures croquantes
Concernant les descripteurs sensoriels associés à ces épisodes compulsifs, si les termes « sucré » et « salé » sont les plus fréquents parmi les deux groupes, on note cependant des différences entre les femmes enceintes et le groupe témoin. En effet, le
descripteur « froid » vient qualifier plus souvent les aliments consommés en période de grossesse, alors que le terme « chaud » revient plus fréquemment dans le groupe témoin. Une explication possible de ces différences pourrait être
l’augmentation de la température corporelle pendant la grossesse.
On relève également des modifications dans les préférences de textures en période de grossesse, en particulier
un attrait plus marqué pour les textures croquantes ou croustillantes, au détriment des textures lisses, crémeuses ou fondantes.
Moins de culpabilité chez les femmes enceintes
Enfin, les états émotionnels associés aux épisodes de
food cravings sont le plus souvent positifs dans les deux groupes de participantes. On relève en particulier les termes « satisfaite », « heureuse » ou encore « agréable ». La principale différence entre les deux groupes concerne
le sentiment de culpabilité qui est moins fréquent chez les femmes enceintes comparativement au groupe témoin (12 vs 20%).
Cette différence pourrait s’expliquer par des croyances selon lesquelles les envies alimentaires reflètent les besoins nutritionnels du bébé ou encore par une baisse de la pression sociale liée au poids pendant la grossesse.
Principales similitudes et différences entre le groupe de femmes enceintes et le groupe témoin concernant les envies alimentaires compulsives ainsi que les descripteurs sensoriels et les états émotionnels associés à ces épisodes.