Février 2022
Après une édition interrompue en 2020 suivie d’une année blanche, le Salon International de l’Agriculture 2022 s’affiche comme « l’édition des retrouvailles » (#SIAdesretrouvailles). Des retrouvailles auxquelles la filière betterave-sucre-éthanol, toujours fidèle au rendez-vous, se réjouit de participer. L’occasion également d’échanger avec la directrice du Salon, Valérie Le Roy. Elle revient sur la vocation et la fonction pédagogique de cet événement majeur, pour le public comme pour les agriculteurs.
Comment se présente cette 58e édition, et quel en est le thème directeur ?
Les retrouvailles est un symbole évident. Tout a été mis en place pour répondre aux demandes des autorités en matière sanitaire, depuis le contrôle des passes et le rappel des gestes barrières jusqu’à la ventilation des lieux, qui a été renforcée. Les exposants ont largement répondu présent, et s’il reste des incertitudes quant à la fréquentation du public – tant en raison du contexte que des vacances scolaires – nous savons que cette édition est très attendue. Au-delà des circonstances, l’édition 2022 est placée sous le thème de « L’agriculture, notre quotidien, votre avenir ». Nous souhaitons ainsi mettre l’accent sur le lien de réciprocité qui unit agriculteurs et consommateurs.
La satisfaction des besoins alimentaires et le soutien aux productions agricoles sont-ils, plus que jamais, la base du « contrat » entre agriculteurs et consommateurs ?
Effectivement, l’expression « notre quotidien, votre avenir » doit être lue dans les deux sens. Du point de vue des agriculteurs, tout ce qui fait leur quotidien – leur travail, leur formation, leurs adaptations, l’entretien des territoires – est mis au service des Français et de leur avenir. Mais leur mission nourricière reste possible sous certaines conditions où le consommateur a, lui aussi, un rôle à jouer : par ses achats, en privilégiant les produits issus de notre agriculture, en reconnaissant la qualité, l’origine et l’authenticité des productions, en acceptant d’en payer le juste prix... À l’occasion des récentes crises, les Français ont redécouvert le rôle essentiel des agriculteurs. Tout comme notre agriculture s’attache à produire une alimentation offrant toutes les garanties de traçabilité et de sécurité alimentaire, le consommateur doit soutenir le monde agricole. C’est cela construire un avenir en commun !
Les attentes sociétales vis-à-vis de l’agriculture et de l’alimentation influencent-elles les tendances observées sur le Salon ?
Le Salon est une caisse de résonance de la société. Ce qui était hier une tendance est devenu un mouvement de fond. Les consommateurs veulent aujourd’hui des engagements et de la lisibilité sur la manière dont est produite leur alimentation. L’intérêt pour les productions locales et les circuits courts n’a jamais été aussi fort. Il en va de même pour les questions environnementales et d’éthique, notamment en ce qui concerne le bien-être animal. Tous les exposants se saisissent de ces thèmes, particulièrement les filières végétales qui s’appliquent à expliquer au public leurs démarches en matière de durabilité. La pédagogie est une dimension fondamentale du Salon. 48 % des visiteurs interrogés à la sortie affirment qu’ils y ont appris quelque chose.
La betterave fournit du plaisir avec le sucre et de l’énergie avec l’éthanol. Le public est-il sensible à cette double fonction ?
La filière betterave-sucre-éthanol propose une thématique horizontale très intéressante car elle touche à la fonction nourricière de l’agriculture et aux utilisations non alimentaires des ressources agricoles. C’est un aspect que nous mettons de plus en plus en avant, toujours dans une démarche pédagogique. On connait bien les utilisations du lin, du chanvre, de la betterave sucrière..., mais moins les coquilles d’huîtres écrasées pour faire de la résine utilisée dans des montures de lunettes ou encore les peintures d’intérieur à base d’algues. Cette année, le Salon présente, en partenariat avec l’Ademe et l’association Chimie du Végétal, une maison de 120 m2 mettant en situation des matériaux biosourcés. La place réservée aux biocarburants a aussi beaucoup progressé au cours des dernière années. Le Salon offre à une filière comme celle du bioéthanol un cadre idéal pour apporter des réponses aux interrogations du public.
Les dégustations et animations gastronomiques sont également très attendues...
Bien entendu, les visiteurs adorent les dégustations et, en général, toutes les attentions des exposants. Mais ce qu’ils apprécient de plus en plus, c’est la rencontre avec « ceux qui font », notamment avec les chefs pâtissiers qui sont très en vogue. Les animations et démonstrations permettent aux consommateurs d’échanger avec les professionnels, de connaître ce qu’il y a derrière leur savoir-faire et leurs ingrédients afin de déguster « intelligemment », en toute conscience. En retour, les professionnels peuvent transmettre des messages importants sur leurs produits, par exemple sur l’origine et la production du sucre. Là encore, la pédagogie est omniprésente.
Pour les personnalités politiques, le Salon est un rendez-vous encore plus attendu les années d’élection présidentielle. Le visiteur devient-il plus un « électeur » qu’un consommateur ?
Pour les exposants comme pour les visiteurs, le Salon a toujours été une occasion d’interpeller les élus et personnalités politiques. C’est une tradition bien ancrée, et les manifestations, positives ou négatives, du public font partie de la vie du Salon. C’est encore plus vrai en période électorale où la visite au Salon – voire le bain de foule lorsque les circonstances le permettent – est quasiment un passage obligé pour les candidats à l’élection présidentielle. De plus, cette année, le Salon International de l’Agriculture est le premier grand événement public à avoir lieu en fin de pandémie. C’est un lever de rideau à ne pas manquer !