Des politiques nutritionnelles
pour vieillir
en bonne santé – et pas seulement plus longtemps

Des politiques nutritionnelles pour vieillir en bonne santé – et pas seulement plus longtemps

Septembre 2022

Certes, l’espérance de vie a considérablement augmenté au cours du 20e siècle (+ 30 ans) , mais la durée de vie dans un état de santé altéré s’est elle aussi fortement allongée (x 2 depuis 1960)… Or, le régime alimentaire peut largement contribuer à la prévention et à la prise en charge des maladies et troubles fonctionnels qui apparaissent avec l’âge. Des chercheurs de l’Université de Boston ont ainsi rassemblé dans un article les conclusions des revues et consensus d’experts les plus récents au sujet des effets de l’alimentation au cours du vieillissement. De quoi inspirer des politiques publiques visant non plus nécessairement une vie plus longue, mais une vie en meilleure santé au cours du vieillissement. 

Vieillissement : des affections multiples et fréquentes  

Sarcopénie, ostéoporose, déclin cognitif, vision altérée, constipation chronique et maladies non transmissibles telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et les cancers… les affections associées au vieillissement touchent toutes les sphères et altèrent significativement la qualité de vie des personnes âgées. Elles concerneraient plus de 50 % des plus de 85 ans. 

Des apports nutritionnels en berne  

Or, les chercheurs constatent que les personnes âgées sont particulièrement exposées au risque d’apports nutritionnels inadéquats, qui peuvent précipiter ou contribuer à l’apparition de telles pathologies. Premier facteur de risque nutritionnel dans cette population : la diminution des besoins énergétiques au cours du vieillissement, une réduction du besoin de 500 à 700 kcal/j par jour étant généralement observée dans le grand âge par rapport au début de l’âge adulte (Figure 1). Néanmoins, les besoins en protéines et micronutriments restent quant à eux identiques – voire augmentent pour certains nutriments. Le risque de ne pas les couvrir augmente donc si un régime de meilleure densité nutritionnelle [1] n’est pas adopté. Des données obtenues dans la population américaine (Figure 2) montrent ainsi que la proportion d’individus ayant des apports inférieurs au besoin nutritionnel moyen (BNM) augmentent avec l’âge pour certaines vitamines (B6) et certains minéraux (zinc, magnésium, calcium).  

Figure 1 : Evolution des besoins énergétiques au cours de la vie adulte
Figure 2 : Pourcentage d’individus américains dont les apports en micronutriments sont inférieurs au besoin nutritionnel moyen (BNM), en fonction de l’âge

Entre causes physiologiques et socioéconomiques  

Les pertes fonctionnelles liées à l’avancée en âge telles que la sarcopénie, l’altération de la vision et de la dentition, la perte du goût et de l’odorat ou encore la diminution physiologique de l’appétit (on parle « d’anorexie du vieillissement ») accentuent encore la diminution des prises alimentaires et donc le risque d’altération du statut nutritionnel. La dégradation de celui-ci peut en retour accentuer les pertes fonctionnelles, selon un cercle vicieux à l’origine d’un vieillissement pathologique.    

Les personnes âgées sont également confrontées à des situations socioéconomiques exacerbant elles aussi les problématiques nutritionnelles : des revenus insuffisants empêchent l’achat de produits de bonne densité nutritionnelle, la solitude et l’isolement social deviennent un frein à la préparation des repas… 

Des effets préventifs des régimes de haute densité nutritionnelle  

Les bénéfices d’une alimentation saine pour prévenir les maladies associées au vieillissement (voire les endiguer une fois déclarées, dans certains cas), sont pourtant largement mis en avant dans les nombreuses revues d’experts sur la question. D’après les auteurs, régime méditerranéen, régime « HEI » (i.e. satisfaisant les recommandations alimentaires américaines), régimes riches en aliments végétaux, et encore régime présentant un faible index glycémique partagent ainsi de nombreux points communs favorisant une densité nutritionnelle élevée du régime : ils mettent notamment l'accent sur la consommation régulière de légumes et de fruits, de céréales complètes, de légumineuses, de fruits à coque et de graines, de poissons et de matières grasses telles que l’huile d'olive et de colza, et la faible consommation de graisses saturées et de boissons sucrées. L’adoption précoce de tels régimes (au cours de la vie adulte, voire plus tôt, dès l’enfance) permettrait de maximiser les bénéfices obtenus. Le maintien d’un poids normal (ou la perte de poids en cas de survenue d’une maladie métabolique associée au surpoids) et d’une activité physique suffisante font aussi partie intégrante des stratégies de prévention des maladies associées à la vieillesse.  

Dans ce contexte, les chercheurs soulignent ainsi la pertinence de politiques nutritionnelles visant à soutenir le vieillissement en bonne santé des populations, intégrant à la fois un suivi et une prise en charge personnalisés des individus.   

Financement, liens d’intérêts : nombreux liens des chercheurs rapportés avec l’industrie agroalimentaire

[1] La densité nutritionnelle d’un aliment correspond à son contenu en nutriments favorables par rapport à son contenu en calories

 

Voir tous les articles du numéro spécial Alimentation des Seniors

A retenir

  • Alors qu’un statut nutritionnel adéquat est essentiel pour préserver la santé des personnes âgées, de nombreux facteurs de risque à même de compromettre les apports nutritionnels se cumulent dans cette population.
  • L’adoption de régimes mettant l’accent sur des aliments de haute densité nutritionnelle, tels que le régime méditerranéen ou les régimes à dominante végétale seraient efficaces pour prévenir les nombreuses affections associées au vieillissement.

Sources

  • Healthy Aging-Nutrition Matters: Start Early and Screen Often. Roberts SB, Silver RE, Das SK, Fielding RA, Gilhooly CH, Jacques PF, Kelly JM, Mason JB, McKeown NM, Reardon MA, Rowan S, Saltzman E, Shukitt-Hale B, Smith CE, Taylor AA, Wu D, Zhang FF, Panetta K, Booth S. Adv Nutr. 2021 Jul 30;12(4):1438-1448.
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