Janvier 2025
Plusieurs études scientifiques ont déjà montré que les mangeurs sélectifs (en Anglais : picky eaters) ont tendance à moins apprécier les stimulations sensorielles tactiles, qu’elles soient en bouche (appréciation diminuée des différentes textures alimentaires) ou sur d’autres parties du corps (toucher du sable avec les mains par exemple). Une nouvelle étude hollandaise teste l’hypothèse selon laquelle cette moindre appréciation du toucher des textures serait liée à un seuil abaissé de perception tactile (Figure 1). L’idée sous-jacente est qu’un seuil bas de perception tactile induirait une stimulation exacerbée et, en conséquence, une aversion et un évitement des textures.

Figure 1 : Hypothèse selon laquelle la faible appréciation des textures associée à la sélectivité pourrait s’expliquer par des seuils bas de perception tactile (d’après Nederkoorn et al., 2024).
Un protocole spécifique
Quatre-vingt-six adultes ont été inclus dans cette expérimentation :
- la sélectivité alimentaire a été évaluée par le questionnaire Adult Picky Eating Questionnaire ;
- l’appréciation des aliments a été déterminée grâce à un questionnaire spécifique sur 30 aliments du quotidien ;
- pour mesurer l’appréciation des textures, les auteurs ont demandé aux participants de toucher, à l’aveugle, 7 objets aux textures variées et de leur donner une note d’appréciation ;
- enfin, pour déterminer les seuils de perception sensorielle tactile, un test spécifique mettant en jeu différents filaments de nylon placés sur le bout du doigt et sur le bout de la langue, à l’aveugle, a été utilisé.
La sensibilité non liée à l’appréciation des textures
Les résultats confirment tout d’abord que les participants qui appréciaient moins de toucher les textures présentées avaient aussi une appréciation significativement plus basse des aliments et une tendance augmentée à être des mangeurs sélectifs.
En revanche, les résultats sur les seuils de perception tactile ne confirment pas l’hypothèse des auteurs. En effet, ces seuils ne sont pas significativement associés à l’appréciation des textures ni à la sélectivité. Seuls les seuils de perception bas mesurés au bout du doigt (i.e. une plus grande sensibilité) ont été associés à une moindre appréciation des aliments, mais pas à une moindre appréciation des textures (ni aux résultats au Adult Picky Eating Questionnaire).
Pour conclure, les auteurs suggèrent que l’association entre la faible appréciation des textures et la sélectivité alimentaire pourrait être liée à d’autres paramètres : par exemple des expériences passées négatives ou encore un traitement émotionnel / attentionnel différent vis-à-vis des stimuli tactiles. Pour réduire le risque de devenir un mangeur sélectif à l’âge adulte, les auteurs recommandent une exposition à des textures variées dès le plus jeune âge, en bouche ou simplement par des manipulations manuelles.