Janvier 2022
Mieux connaître les facteurs déterminant nos comportements en matière de consommation de boissons sucrées : tel était l’objectif de cette étude, qui a utilisé pour cela le cadre théorique de l’autorégulation temporelle.
La théorie de l’autorégulation temporelle
La théorie de l’autorégulation temporelle a été proposée en 2007 par deux chercheurs (Hall et Fong), pour décrire les forces à l’œuvre dans la genèse des comportements, après l’intention (Figure 1). Selon cette théorie, ces forces relèveraient de deux grands domaines : soit du caractère automatique des comportements (« Behavioural prepotency »), soit et de la capacité à se contrôler (« Self-regulatory capacity »).
Représentation schématique de la théorie de l'autorégulation temporelle
Dans la présente étude, 287 Américains et Australiens de 17 à 75 ans ont ainsi renseigné leur niveau de consommation de boissons sucrées au cours de la semaine précédant l’étude, et répondu à des questionnaires permettant d’évaluer les différents facteurs intervenant dans la théorie de l’autorégulation temporelle. À partir des données recueillies, les chercheurs ont établi un modèle multivarié mettant en relation l’intention d’éviction des boissons sucrées (score de 0 à 6), le caractère automatique des consommations (lié aux habitudes, aux stimuli et signaux environnementaux…) et l’auto-contrôle des sujets (trait de caractère ou état d’auto-contrôle à l’instant t), avec le niveau déclaré de consommation de boissons sucrées.
L’intention et les automatismes prédisent la consommation de boissons sucrées
Ils montrent que les intentions expliquent 7 % de la variance des consommations tandis que les variables mesurant le caractère automatique des consommations en prédisent 15 % supplémentaires. En revanche, le niveau d’auto-contrôle des sujets ne ressort pas comme un facteur prédictif de la consommation.
L’intention plus influente en cas d’habitudes ancrées ?
Dans des analyses complémentaires, les chercheurs observent en outre que le degré d’automatisme du comportement module l’effet de l’intention sur les niveaux de consommation (Figure 2). Mais ceci dans la direction opposée à celle de l’hypothèse initiale des chercheurs : l’intention d’éviter la consommation de boissons sucrées a davantage d’influence sur les consommations quand les habitudes de consommations sont fortes. Ce que les chercheurs interprètent ainsi : des intentions fermes de réduire sa consommation de boissons sucrées pourraient tout à fait contrecarrer les effets de l’habitude.
Nombre de portions de boissons sucrées consommées [au cours de la semaine précédente] en fonction des intentions d’éviction déclarées et selon le niveau d’habitudes (élevé, modéré, faible)
Ainsi, les travaux de modélisation réalisés ont permis d’identifier le poids des différents facteurs de la théorie de l’autorégulation temporelle dans les consommations de boissons sucrées. L’automatisme est un facteur important mais l’intention d’éviter d’en consommer est tout aussi importante et plus influente que la capacité d’autorégulation, qui semble sans effet. Une intention forte d’éviter la consommation de boissons sucrées pourrait suffire à neutraliser l’influence élevée des facteurs automatiques.