Juillet 2024
La littérature distingue généralement les comportements alimentaires ciblant la gestion du poids (ex : restriction alimentaire) des comportements détachés de cette finalité, plutôt tournés vers la santé globale. Une revue s’est intéressée à ces seconds comportements, en dressant un bilan de leurs associations avec la santé physique et mentale, ainsi qu’avec la qualité du mode de vie (apports alimentaires, activité physique et sommeil). Les recherches bibliographiques ont permis d’identifier 75 études incluses dans l’analyse, portant sur plus de 94 000 individus au total.
Trois comportements alimentaires étudiés
Trois types de comportements détachés de préoccupations liées au poids ont été identifiés dans la littérature :
- l’alimentation intuitive (qui consiste à manger en fonction de ses sensations de faim et de satiété plutôt que sous le coup des émotions, et sans s’imposer d’interdit), explorée dans les deux tiers des études recensées ;
- l’alimentation consciente (basée sur une prise de conscience neutre (sans jugement/critique) des sensations physiques et émotionnelles liées à l’alimentation) ;
- et la « compétence alimentaire ». Celle-ci consiste à avoir une attitude positive vis-à-vis de l’alimentation (plaisir de manger), et à avoir des compétences en termes d’acceptation des aliments (permettant de consommer une grande variété d’aliments), de régulation (permettant de consommer des quantités adéquates) et de gestion du contexte environnant (planification des repas, des achats alimentaires à la préparation).
Ces trois comportements reposent sur des caractéristiques communes, telles que le fait de se fier aux sensations corporelles et de baser ses choix de consommation sur des signaux internes plutôt qu’externes.
Des associations positives avec la santé physique et mentale
Ces comportements alimentaires étaient associés à des résultats favorables en termes de mesures anthropométriques et de composition corporelle (poids, IMC, tour de taille, masse grasse). Ils étaient également associés à des taux plus faibles de troubles de l’alimentation, de symptômes dépressifs et de stress, et à une meilleure image corporelle. Enfin, ces comportements étaient corrélés à une consommation plus élevée de fruits et légumes, à une meilleure qualité de l’alimentation, à un niveau d’activité physique plus élevé et à une meilleure qualité de sommeil.
Les auteurs soulignent que le lien entre les comportements et le poids est complexe : les résultats observés pourraient s’expliquer par un lien de causalité direct ; mais aussi par la stigmatisation liée au poids, qui peut encourager les individus en surpoids à adopter des comportements alimentaires en contradiction avec ceux étudiés dans cette revue, tels que l'alimentation restrictive.
A noter, avec un risque de biais important pour 23 % des études et une majorité d’études observationnelles, le lien de causalité n’est pas établi. Les auteurs regrettent également le manque de diversité de la population étudiée (40 % d’étudiants, 78 % de femmes et 73 % de caucasiens), et soulignent la nécessité de recherches futures pour confirmer ces résultats dans d’autres populations.
Résumé des principaux résultats des études incluses dans la revue
↑ : niveaux plus élevés ↓ : niveaux moins élevés. Ligne continue : relation statistiquement significative dans la majorité des études ; Ligne brisée : relation observée mais non statistiquement significative. La couleur de la ligne indique le nombre d’études (bleue : ≥25 études ; verte : 10 à 25 études ; violette : 5 à 10 études ; rouge : <5 études).