Juillet 2024
Nouveau mode de vie, début de l’indépendance… l’entrée dans la vie étudiante est une fenêtre propice pour encourager les jeunes adultes à adopter de meilleures habitudes alimentaires, à la fois plus favorables à la santé et plus respectueuses de l’environnement. Mais quels sont les déterminants favorisant de tels comportements alimentaires, plus vertueux, dans la population étudiante, qui pourraient être ciblés par des interventions ? Des chercheurs français ont exploré la question à travers une étude menée auprès de 542 étudiants du campus universitaire de Dijon, représentatifs de la population étudiante française (21 ans en moyenne, 56 % de femmes, 40 % de boursiers).
Capacité, Opportunités, Motivation : 14 déterminants comportementaux passés au crible
Un premier questionnaire de fréquence alimentaires rempli par les étudiants permettait aux chercheurs de déterminer la qualité nutritionnelle du régime (score PNNS-GS2 représentant le degré d’adhésion aux recommandations du PNNS) ainsi que son empreinte environnementale (émissions de gaz à effet de serre).
Les participants devaient également répondre à une série de questionnaires destinés à mesurer 14 déterminants reconnus des comportements alimentaires (Figure 1), préalablement identifiés à travers une revue de la littérature et relevant d’une des trois catégories de déterminants conceptualisées dans le cadre théorique de changement du comportement COM-B :
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les capacités (C) : connaissances nutritionnelles et environnementales, compétences culinaires
- les opportunités (O) : équipements (ex : réfrigérateur, microondes, casseroles…) disponibles pour cuisiner
- et les motivations (M) : motifs de choix alimentaires tels que le goût, le prix, la santé, l’éthique, etc.
Des modèles multivariés intégrant ces différentes variables et ajustés sur les caractéristiques socio-démographiques des étudiants, permettaient d’étudier les associations entre les déterminants d’une part, et la qualité nutritionnelle et l’impact environnemental des régimes des étudiants d’autre part. Des analyses exploratoires tâchaient d’identifier les types de consommations alimentaires susceptibles d’expliquer les associations observées.
Compétences culinaires et connaissances environnementales
Parmi les principaux résultats (voir figure 2),
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le fait d’avoir davantage de compétences culinaires allait de pair avec un régime de meilleure qualité nutritionnelle, ce qui semblait s’expliquer par des consommations plus élevées de légumes, légumineuses, produits céréaliers et tubercules. Aucune association n’était observée en revanche avec les connaissances en matière de nutrition.
- de meilleures connaissances en matière d’environnement étaient associées à un moindre impact environnemental du régime, s’expliquant en partie par de moindres consommations de viande.
- le fait de donner du poids à la santé dans ses motifs d’achats alimentaires rimait certes avec une meilleure qualité nutritionnelle du régime, mais aussi avec un impact environnemental plus important. Possiblement en cause ? La consommation de volaille qui est à privilégier parmi les viandes selon les recommandations du PNNS, mais qui a quand même un impact environnemental non négligeable. À noter toutefois, la santé ne figurait pas parmi les principaux critères d’achat des étudiants. Les principaux guides de leurs achats ? Le goût, le prix et la praticité pour lesquels aucune association n’était mise en évidence avec l’équilibre ou l’impact environnemental de leurs repas.
Cibler les déterminants individuels… et l’environnement alimentaire
Bien que les associations observées soient de taille modeste, les chercheurs estiment ainsi que le développement des compétences culinaires des étudiants et de leurs connaissances en matière d’impact environnemental de l’alimentation (pendant ou même en amont de leur études universitaires) pourrait constituer des leviers porteurs pour les faire tendre vers une alimentation saine et durable. Sans oublier qu’au-delà de ces déterminants comportementaux individuels, il reste nécessaire de cibler en parallèle l’environnement alimentaire des étudiants (qualité de l’offre, labels nutritionnels et environnementaux) afin de le rendre plus favorable à des choix alimentaires vertueux pour la santé et la planète.