Février 2024
Quels sont les liens entre les sensations de faim, de satiété ou de soif et les consommations alimentaires effectives ? Une étude d’observation de 17 semaines, réalisée aux Etats-Unis auprès de 97 adultes âgés de 18 à 64 ans et de poids stable examine cette question. Concrètement, les participants ont enregistré leurs sensations de faim, de satiété et de soif, à chaque heure de la journée, pendant 3 jours de la première semaine, 3 jours de la neuvième et 3 jours de la dernière semaine de l’étude. Pour ces mêmes journées, l’ensemble des consommations alimentaires a aussi été évalué.
Définition des concepts
A noter que tous les participants ont reçu une formation préalable, afin que leur compréhension des différents concepts soit homogène. En bref :
- la faim fait référence à une sensation incitant à l’initiation d’un épisode alimentaire, en lien avec un besoin biologique d’énergie. Les auteurs insistent sur la différence avec le désir de manger qui, lui, peut être lié uniquement à un signal cognitif ou sensoriel ;
- la satiété est ici utilisée au sens large et se réfère à l’état de plénitude (fullness) ressentie par les participants, aux différentes heures de la journée. Le concept intègre donc la sensation de satiété (satiety) au sens strict, qui fait suite à un repas et qui évolue jusqu’à un nouvel état de faim ; ainsi que le rassasiement (satiation) qui se développe au cours d’un repas et met fin à celui-ci ;
- la soif est la sensation incitant à la consommation d’une boisson.
Des différences interindividuelles, mais une stabilité intra-individuelle
L’examen des sensations de faim, de satiété et de soif sur l’ensemble de la période montre :
- des différences importantes entre les participants dans les moyennes quotidiennes des niveaux de faim déclarés. En effet, en fonction des personnes, les scores moyens de faim varient entre 2,9 et 62,5 sur une échelle de 0 à 100. De la même façon, on observe une grande variabilité entre les individus pour les scores quotidiens moyens de satiété (entre 13,4 et 87,7 / 100) et ceux de soif (entre 2,5 et 87,6 / 100) ;
- une stabilité notable dans les scores de faim, de satiété et de soif pour un même participant entre la première semaine de l’étude, la neuvième et la dernière.
Les résultats n’ont, par ailleurs, pas démontré d’association claire entre les trois sensations d’appétit et l’âge, l’indice de masse corporelle ou encore le sexe.
Liens entre sensations d’appétit et apport énergétique
Les auteurs mettent en lumière des liens statistiques faibles entre les niveaux de faim/satiété/soif et les consommations d’énergie, la fréquence des prises alimentaires ou encore la taille des portions. De façon complémentaire, les auteurs ont examiné le sens de la relation entre les sensations d’appétit et l’apport effectif d’énergie. Il apparaît que l’apport énergétique a plus d’impact sur les sensations d’appétit que ces mêmes sensations n’ont d’effet sur l’énergie consommée. Autrement dit, ce serait plutôt l’ingestion d’énergie qui guiderait les sensations d’appétit, que l’inverse. Ce résultat suggère que les niveaux de faim, de satiété et de soif auraient un pouvoir prédictif assez faible des consommations à venir. Il nécessite cependant un examen plus approfondi, via des échantillons plus grands et/ou des designs expérimentaux.