Quels effets d’un aliment gras et sucré quotidien
sur le cerveau
et les préférences alimentaires ?

mai 2023

Des altérations des circuits cérébraux de la récompense impliquant la dopamine sont observées en cas d’obésité, mais celles-ci sont parfois interprétées comme le reflet d’une susceptibilité individuelle préexistante à la prise de poids ou comme la conséquence même de l’obésité. Une étude d’intervention randomisée contrôlée parue dans Cell Metabolism envisage une autre possibilité : ces altérations pourraient résulter d’une exposition à une alimentation riche en graisses et en sucres (HF/HS).  

Afin de tester cette hypothèse, des chercheurs ont demandé à une cinquantaine d’adultes allemands en bonne santé et de poids normal de consommer deux fois par jour, pendant huit semaines et en plus de leur régime habituel, soit un yaourt HF/HS, soit un yaourt isoénergétique faible en graisses et en sucres (LF/LS, enrichi en protéines). À l’issue des huit semaines, les réactions des participants face à d’autres aliments étaient testées.  

Deux résultats principaux étaient observés chez les participants qui avaient été exposés aux yaourts gras et sucrés :  

1. Lorsqu’on leur présentait des entremets (puddings) plus ou moins riches en graisses, ils appréciaient moins les versions peu grasses de ce dessert (à noter, l’appréciation pour une boisson sucrée – jus de pomme –, donc dépourvue de gras, n’étaient quant à elle pas impactée). 
2. Pendant l’attente et pendant la consommation d’un aliment « plaisir » riche en graisses (milk-shake), des IRM révélaient des réponses cérébrales plus marquées et des réorganisations des circuits cérébraux de la récompense.  

Interprétation des chercheurs ? Des adultes régulièrement exposés à des aliments gras et sucrés semblent développer une préférence pour les aliments gras, portée par des réponses cérébrales accrues à ce type d’aliment. De façon plus générale, les chercheurs suspectent que les aliments HF/HS, hautement représentés dans l’environnement alimentaire actuel, puissent induire, via ce mécanisme de renforcement, des modifications des choix alimentaires, propices à la surconsommation et à la prise de poids sur le long terme.