Mai 2024
Des taquineries et remarques stigmatisantes répétées sur le poids sont-elles liées aux troubles alimentaires ou au développement d’états d’anxiété, déprime et symptômes somatiques chez les adolescents ? Et le cas échéant, par quels mécanismes intermédiaires ? Une équipe a exploré la question auprès d’un échantillon de 406 jeunes adolescents roumains (11-13 ans ; 60 % de filles). Ceux-ci devaient remplir plusieurs questionnaires mesurant :
- La stigmatisation perçue liée au poids (fréquence de remarques stigmatisantes sur leurs poids ; ex : surnoms péjoratifs liés au poids)
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Les croyances intériorisées sur leur poids (pensées négatives appliqués à eux-mêmes ; ex : « Je ne mérite pas d’avoir beaucoup d’amis à cause de mon poids »)
- L’estime corporelle (ex : « J’aime/je n’aime pas mon image sur les photos de moi »)
- Les troubles alimentaires (ex : régimes, boulimie,…)
- Les symptômes internalisés : anxiété, déprime, maux somatiques.
Les chercheurs réalisaient ensuite des analyses des relations structurelles (« path analysis ») entre ces différentes variables, permettant d’identifier les facteurs médiateurs potentiels (Figure).
Le fait d’être souvent taquiné/stigmatisé au sujet de son poids allait de pair avec des scores plus élevés de symptômes internalisés (anxiété…), ainsi qu’avec des croyances intériorisées. Ces croyances négatives étaient elles-mêmes corrélées à la fois à une moindre estime corporelle et à davantage de symptômes internalisés et de troubles alimentaires déclarés, faisant d’elles un facteur médiateur vraisemblable entre la stigmatisation subie et les symptômes internalisés tels que l’anxiété, les maux somatiques, etc., et les troubles alimentaires. Si cette étude n’apporte pas de preuve formelle de causalité, elle vient confirmer les associations déjà rapportées entre stigmatisation liée au poids et troubles du comportement alimentaire (voire notre précédente brève sur le sujet). Surtout, elle invite à approfondir l’étude des facteurs potentiels à cibler au cours de la période critique qu’est l’adolescence afin de prévenir des troubles mentaux, somatiques et alimentaires, pouvant se développer face à des remarques stigmatisantes sur le poids et à leur intériorisation.