Mai 2024
C’est une idée répandue, souvent trouvée dans des publications scientifiques, voire dans les recommandations de santé publique, mais qu’en est-il vraiment : l’exposition à une alimentation sucrée contribue-t-elle à développer le goût/l’envie pour la saveur sucrée ? Selon un article de revue parue dans le British Journal of Nutrition, qui rassemblé les 3 dernières revues systématiques sur le sujet et les études individuelles parues depuis la dernière en date, en 2017, les données disponibles ne permettent pas vraiment d’étayer cette croyance.
Tandis que les revues systématiques concluent à des effets « équivoques » ou « contradictoires/difficiles à interpréter », les trois études d’observation longitudinales parues depuis, qui ont suivi des cohortes dans le temps (ex : exposition des nourrissons suivis plusieurs mois ou années, parfois jusqu’à l’adolescence), ne trouvent pas d’associations. Quant aux études d’intervention ayant testé les effets d’une exposition à la saveur sucrée (10 à 15 études identifiées depuis 2017), elles ne montrent généralement pas d’effet sur l’appréciation de cette saveur ; les études à très court terme montent même une diminution de l’appréciation ou de l’envie pour des aliments sucrés suite à l’exposition à cette saveur, selon le phénomène de satiété sensorielle spécifique[1]. Des pistes pour expliquer l’absence de relation observée sont proposées : limites des études (rarement conçues pour étudier la relation en première intention ; méthodologies non objectives/standardisées pour évaluer l’exposition à la saveur sucrée d’une part, et l’appréciation à cette saveur d’autre part…) ; grande variabilité de perception individuelle de la saveur sucrée ; etc.
En fin de compte, l’exposition à la saveur sucrée pourrait n’expliquer qu’une faible partie de la variance élevée de l’appétence pour la saveur sucrée observée chez l’Homme… difficile à capter dans les études. Des recommandations de recherches sont proposées pour que les études futures soient mieux menées et permettent d’obtenir des réponses plus fiables.
[1] réduction transitoire de l'appétence pour une saveur (ex : sucrée) suite à la consommation d’aliments caractérisés par celle-ci.