Les becs sucrés sont-ils plus à risque de surpoids et d’obésité ?

Les becs sucrés sont-ils plus à risque de surpoids et d’obésité ? | Cultures Sucre

Mai 2024

Les individus qui aiment le plus la saveur sucrée sont-ils davantage enclins à (sur)consommer des aliments sucrés et plus sujets au surpoids et à l’obésité, comme on l’entend parfois ? L’équipe de recherche en psychologie de l’alimentation de Martin Yeomans à l’Université de Sussex à Brighton au Royaume-Uni, publie dans l’International Journal of Obesity une série d’analyses qui apportent de précieux éléments de réponse à cette question.
Les chercheurs ont en effet :

  1. réalisé leur propre étude sur deux échantillons de sujets indépendants (Expérience 1 : N = 200 ; Expérience 2 : N = 314), tous deux constitués à partir de jeunes adultes (18-34 ans) de la région de Brighton ;
  2. réalisé une méta-analyse de données individuelles récupérées à partir des études précédemment publiées sur le sujet au niveau international (13 études, N = 2 368).

Trois grands profils hédoniques vis-à-vis de la saveur sucrée


Alors que la saveur sucrée est souvent présentée comme une préférence innée, son appréciation n’est en réalité pas universelle, du moins aux fortes concentrations. Alors que les premières recherches sur la question avait d’abord classé les individus en deux profils (aiment ou n’aiment pas la saveur sucrée), il est aujourd’hui plutôt considéré que trois profils distincts d’appréciation de la saveur sucrée existent (Figure 1), construits à partir d’expériences de dégustations d’échantillons de solutions de saccharose à différentes concentrations :

  • les grands amateurs de la saveur sucrée (« extreme sweet-likers »), dont le degré d’appréciation augmente avec la concentration en sucre ;
  • les amateurs modérés de la saveur sucrée (« moderate sweet-likers »), qui apprécient des concentrations intermédiaires, mais pas élevées ;
  • les non amateurs de la saveur sucrée (« sweet-dislikers »), dont l’appréciation diminue quand la concentration de sucre augmente

 

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Les trois profils d’individus selon leur degré d’appréciation de la saveur sucrée

 

Des mesures anthropométriques plus précises que l’IMC

Pour leur étude, les chercheurs ont ainsi utilisé ce système pour classer les individus : ceux-ci devaient déguster des solutions de saccharose de différentes concentrations et noter leur appréciation sur des échelles analogues visuelles. Les chercheurs mettaient ensuite le profil de l’individu (grand amateur, amateur modéré, non amateur de la saveur sucrée) en relation avec ses données anthropométriques. Toutefois, les chercheurs ont souhaité aller plus loin que le seul IMC pour caractériser la composition corporelle des sujets : ils ont également considéré la masse maigre et la masse grasse, mesurées par impédancemétrie.

Une association avec la masse maigre…

Dans les deux échantillons, on observait une masse maigre plus élevée chez les grands amateurs de la saveur sucrée, ainsi qu’une tendance (bien que non significative) à un IMC plus élevé chez ces individus. Dans l’un des deux échantillons, les non amateurs de la saveur sucrée affichaient un pourcentage plus important de masse grasse.
Leurs deux expériences ne trouvant pas des résultats tout à fait similaires, et ayant été menées sur des populations peu diversifiées en termes d’origine géographie, d’âge, etc., les chercheurs ont alors entrepris de mener une méta-analyse des données individuelles disponibles dans les études publiées depuis 1970 (année où les trois profils hédoniques d’appréciation de la saveur sucrée ont été établis). Sur les 53 études identifiées, 13 seulement ont finalement permis d’accéder aux données individuelles des participants, portant – avec les deux expériences menées à Brighton – à 15 le nombre total d’études incluses dans la méta-analyse, soit plus de 2 300 sujets, âgés de 18 à 77 ans, d’origines géographiques variées (Israël, Japon, Malaisie, Pologne, Singapour, Royaume-Uni, USA…).

… confirmée par la méta-analyse

Les chercheurs retrouvent alors la relation précédemment observée dans les deux précédentes expériences, à savoir une masse maigre plus élevée chez les individus appréciant fortement la saveur sucrée (Figure 2B). Cette relation se reflétait en partie dans l’IMC des sujets, plus élevé chez ces derniers par rapport aux amateurs modérés de la saveur sucrée (Figure 2A). En revanche, aucune différence n’était observée au niveau de la masse grasse ou du tour de taille des sujets des trois profils (Figure 2 C et D, différences non significatives).

 

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Indice de masse corporelle (A), masse maigre (B), masse grasse (C) et tour de taille (D) selon le degré d’appréciation de la saveur sucrée.

Ainsi, pour les chercheurs ces résultats suggèrent que l’indice de masse corporelle plus élevé parfois observé chez les « becs sucrés » pourrait en réalité être dû à une masse maigre plus importante, sans différence d’adiposité.

Le reflet de besoins métaboliques spécifiques ?

Pour expliquer l’appréciation plus marquée pour la saveur sucrée chez ceux présentant une masse maigre plus importante, les chercheurs avancent deux mécanismes potentiels : l'alliesthésie et l'intéroception.

  • L’alliesthésie fait référence à des processus psycho-physiologiques selon lesquels le degré de plaisir ressenti dépend de l’utilité du stimuli pour l’organisme. Par exemple, la faim augmente le caractère plaisant des aliments sucrés.
  • L’intéroception, quant à elle, fait référence à la capacité des individus à percevoir leurs signaux internes, dont les signaux de faim et de satiété. Les individus appréciant fortement la saveur sucrée seraient plus sensibles aux signaux intéroceptifs liés à la faim.

Ainsi, selon ces deux hypothèses, l’appréciation plus marquée pour la saveur sucrée en cas de masse maigre plus élevée pourrait refléter des besoins métaboliques accrus (alliesthésie) et pourrait être modulée par l’état interne des sujets (intéroception).
Certes, des études futures pourraient être menées sur des échantillons plus diversifiés de population afin de vérifier la généralisation des résultats observés ; et pourraient évaluer l’évolution dans le temps des profils hédoniques et anthropométriques et de leurs relations. Toutefois, la synthèse des données actuellement disponibles remet en question le rôle de l’appétence pour la saveur sucrée dans le développement du surpoids et de l’obésité.

 

A retenir

  •  Contrairement aux idées reçues, les données de la littérature, rassemblée dans une méta-analyse, ne pointent pas l’appréciation pour la saveur sucrée comme un facteur de risque d’obésité.
  • Les individus appréciant le plus la saveur sucrée ne présentent pas une adiposité plus élevée, mais leur masse maigre semble en revanche plus développée.
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