Février 2023
La distension gastrique d’une part et la détection intestinale des calories d’autres part constituent les deux mécanismes impliqués dans le rassasiement et la satiété [1].
Pour autant, quels rôles respectifs jouent-ils dans la formation de ces sensations ? Pour le savoir, l’équipe du Pr Peter Rogers à Bristol au Royaume-Uni a créé un schéma d’étude original permettant de différencier les effets du volume des aliments et de leur contenu calorique sur les sensations de faim et de rassasiement/satiété (fullness en Anglais). Les six sujets recrutés (3 hommes et 3 femmes de 22 à 60 ans) ont ainsi consommé à trois occasions :
- Cas A : 380 g de pomme apportant 200 kcal ;
- Cas B : 38 g de chocolat apportant 200 kcal (soit un poids d’aliments 10 fois moindre, mais avec le même contenu calorique que dans le cas A) ;
- Cas C : 38 g de pomme, apportant 20 kcal (soit un même poids d’aliment, mais avec un contenu calorique 10 fois moindre que dans le cas B).
Pendant les deux heures suivantes, il leur était demandé de décrire leurs sensations corporelles, de les localiser et de noter leur degré de faim et de satiété/remplissage gastrique.
Les résultats montrent une dissociation des mécanismes sous-jacents aux sensations de satiété/remplissage et de faim (Figures 1 et 2) : la sensation de satiété/remplissage était surtout liée au poids des aliments consommés (i.e. plus élevée après la consommation des 380 g de pomme versus après 38 g de chocolat ou de pomme) ; tandis que la sensation de faim était modulée à la fois par le poids et l’apport calorique (i.e. différente entre les trois conditions comme le soulignent les courbes de la figure 2 : globalement sur toute la durée de suivi, la faim ressentie après la consommation de 380 g de pomme était inférieure à celle ressentie après 38 g de chocolat, elle-même inférieure à la faim ressentie après la consommation de 38 g de pomme).
Figure 1 : Localisation et étendue des sensations corporelles ressenties suite à la consommation de 380 de pomme, 38 g de pomme ou 38 de chocolat
La consommation des 380 g de pomme produit des sensations corporelles plus étendues que les 38 g de pomme ou de chocolat dans l’abdomen, pouvant refléter la distension gastrique plus importante.
Figure 2 : Effets des différents volumes et apports caloriques des aliments sur les sensations de faim et de satiété/remplissage gastrique.
La consommation de 380 g de pomme augmente fortement la sensation de satiété/remplissage par rapport aux 38 g de pomme ou de chocolat, suggérant un effet prépondérant du volume des aliments sur cette sensation. En revanche, la sensation de faim diffère entre les trois conditions, suggérant là des effets combinés du volume et des calories.
[1] Les chercheurs spécialistes du comportement alimentaire différencie le rassasiement, qui correspond à l’ensemble des mécanismes opérant pendant la prise alimentaire et conduisant à son arrêt, de la satiété, qui est décrite comme un état d’absence de faim s’installant après le repas inhibant toute prise alimentaire supplémentaire.