Octobre 2023
Chez l’Homme comme chez les animaux, l’odorat intervient dans des comportements essentiels à la survie : recherche de nourriture, interactions sociales, évitement des prédateurs …. Toutefois, il n’existe pas une seule réponse comportementale à une odeur car la perception olfactive peut être extrêmement variable d’un individu à l’autre mais aussi chez une même personne. L’état de satiété, le rythme circadien, le sommeil et même l’humeur influencent la perception olfactive, comme l’expliquent deux experts en neurosciences dans une revue.
L’impact de l’état de satiété
Si les odeurs des aliments jouent un rôle important sur l’appétit et la prise alimentaire, l’état de satiété, lui, module la façon dont nous percevons ces odeurs : l’estomac vide, elles sont perçues comme plus agréables et plus intenses alors qu’à l’état de satiété, un déplaisir olfactif (alliesthésie [1] négative) est ressenti. Ces variations de sensibilité olfactive (d’intensité et d’appréciation) pourraient être liées aux types d’odeurs, comme le suggère l’apparition d’une alliesthésie spécifique aux odeurs des aliments qui viennent d’être consommés. Les chercheurs observent, de fait, qu’après la consommation d’un aliment donné, la sensibilité à l’odeur de cet aliment est diminuée mais pas celle des autres aliments. Ce phénomène olfactif participerait au processus de rassasiement sensoriel spécifique, qui explique que l’on peut ne plus avoir envie d’un plat mais avoir encore de l’appétence pour un dessert.
L’impact de l’état physiologique
Quelques études suggèrent que la perception de l'odeur peut fluctuer en fonction du moment de la journée ou du rythme circadien. Une étude récente chez l’homme, mais dont les données restent à confirmer, a notamment observé un pic de sensibilité olfactive à la tombée de la nuit (21h) après le début de la production de mélatonine. Ce pic pourrait avoir une origine évolutive pour faciliter la détection des prédateurs après la nuit, pour ressentir plus vite la satiété en temps de pénurie alimentaire et pour la sélection des partenaires (reproduction), selon les auteurs de l’étude.
Quelques études chez l’homme notent une altération de l’identification des odeurs après 24 heures de privation de sommeil et suggèrent que la diminution de la performance olfactive pourrait être liée au moins bon fonctionnement du cortex orbitofrontal (qui traite l’information olfactive) consécutif au manque de sommeil. Les choix alimentaires pourraient aussi être orientés vers des aliments plus denses en calories selon des études, qui nécessitent d’être confirmées.
Au-delà du rythme circadien et du sommeil, la fonction olfactive pourrait aussi varier avec les états émotionnels et notamment l’anxiété. Trois études rapportent une amélioration des performances de détection olfactive et une augmentation de l’intensité de l’odeur perçue lorsque les sujets sont soumis à une situation anxiogène. Une étude s’intéressant à l’humeur des sujets rapporte qu’une humeur positive pourrait induire une perception plus agréable d’une odeur tandis qu’une humeur négative la rendrait moins agréable.
Liens d’intérêt : RAS.
Voir tous les articles du numéro spécial « Manger avec ses 5 sens »