Janvier 2023
On l’entend souvent dire, des chercheurs ont voulu en avoir le cœur net : les fœtus réagissent-ils aux saveurs des aliments consommés par la mère pendant la grossesse ? Pour répondre à la question, ils ont analysé les mouvements faciaux de fœtus observés sur les échographies 4D [1] de près de 100 femmes enceintes au cours du 3e trimestre de grossesse.
Carotte Versus chou khale
A 32 et 36 semaines de grossesse, les participantes consommaient une gélule contenant soit de la carotte (saveur sucrée), soit du chou khale (saveur amère). Ces gélules, correspondant à environ 50 g de légumes crus, étaient consommées 30 minutes avant l’échographie. Un groupe témoin (n’ayant pas reçu de gélule) était également constitué à partir d’archives d’échographies.
Les mouvements faciaux des fœtus observés sur les échographies étaient codifiés selon une méthode objective. Deux types d’expression faciale, ou gestalt – chacun correspondant à la combinaison de plusieurs mouvements faciaux simultanés – étaient étudiés en particulier : le gestalt du rire et le gestalt des pleurs.
Gestalt du rire (à gauche) et gestalt des pleurs (à droite) observés chez des fœtus de mères consommant des gélules contenant respectivement de la carotte et du chou khale.
Des réactions faciales différentes selon la saveur
Dans le groupe des fœtus exposés à la saveur de carotte, l’étirement du coin des lèvres ainsi que la combinaison de mouvements correspondant au gestalt du rire étaient plus fréquents que dans le groupe exposé à la saveur du chou khale et le groupe témoin. Dans le groupe « chou khale », le soulèvement de la lèvre supérieure, l’abaissement de la lèvre inférieure, l’extension et la compression des lèvres, ainsi que la combinaison de ces mouvements faciaux correspondant au gestalt des pleurs, étaient plus fréquents que dans le groupe « carotte » et le groupe témoin.
Autrement dit, la carotte entraînait chez les fœtus une expression faciale apparentée au rire alors que le chou khale entraînait une expression apparentée aux pleurs. Les fœtus semblent donc différencier les saveurs sucrées et amères consommées par la mère.
Cette étude longitudinale est la première à montrer que les fœtus détectent in utéro les informations chimio-sensorielles provenant de l’alimentation maternelle, dès l’âge de 32 semaines. Ce résultat fait écho aux travaux antérieurs ayant montré que les consommations de la mère influencent les préférences gustatives des fœtus, qui ont une préférence innée pour le sucré (voir notre article à ce sujet).
[1] Nouvelle génération d’échographies permettant de suivre le fœtus en temps réel, avec des images en 3D et en couleur.