Juin 2024
Depuis l’enfant hypersensible aux odeurs et textures alimentaires, jusqu’à l’adulte qui s’est étouffé avec un aliment et ne parvient plus à s’alimenter normalement : les profils des patients touchés par l’ARFID (pour Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder en anglais) sont très hétérogènes, complexifiant leur prise en charge. Pour autant, celle-ci pourrait être améliorée : tel est le propos défendu par des professionnels de santé du Royaume-Uni accueillant ces patients. Comment ?
En décloisonnant la prise en charge des patients ARFID, qui sont actuellement souvent orientés vers des services et des professionnels de santé spécialisés dans les troubles du comportement alimentaire (TCA) « classiques ». Or, bien qu’il se traduise par des quantités et une diversité alimentaires insuffisantes ne permettant pas de couvrir les besoins énergétiques et nutritionnels, l’ARFID se distingue des troubles du comportement alimentaires tels que l’anorexie : il n’y a pas de préoccupations pour le poids ou l’image corporelle. Les causes sous-jacentes sont de trois types : particularités sensorielles (perception des textures, saveurs…) ; désintérêt pour l’alimentation ; peur d’effets adverses (étouffement, vomissements…). De plus, l’ARFID est fréquemment présent chez des patients présentant d’autres troubles tels que les troubles du spectre autistique, qui ne relèvent pas d’un TCA. De façon bienvenue, toute l’expertise des services prenant en charge les TCA est bien entendu utile aux patients atteints d’ARFID, et les recherches entreprises dans ces services commencent à former un socle pour définir des stratégies de prise en charge.
Pour autant, la généralisation de ces résultats à l’ensemble des patients ARFID interroge, et les compétences d’autres professionnels – ergothérapeutes, orthophonistes… – pourraient être utiles et nécessaires au succès de telles prises en charge. Réciproquement, les connaissances acquises dans le cadre de parcours de soins multidisciplinaires déployés pour l’ARFID pourraient se révéler utiles aux patients souffrant de TCA.