Existe-il une association entre consommation d’aliments ultra-transformés et le risque diabète de type 2 ? C’est ce que conclut une étude française, publiée début 2020 dans le JAMA Internal Medicine, portant la cohorte Nutrinet. De précédentes analyses menées sur la même cohorte avaient déjà montré que la consommation d’aliments ultra-transformés (UPF pour ultraprocessed foods) augmente le risque de mortalité [1] et de plusieurs pathologies : cancer, syndrome dépressifs, syndrome de l’intestin irritable et les maladies cardiovasculaires.
Une association entre consommation de UPF et risque de DT2…
L’analyse a porté sur plus de 100 000 participants (80 % de femmes) de la cohorte française Nutrinet dont 821 nouveaux cas de diabète de type 2 rapportés durant la durée du suivi (durée médiane de suivi : 6 ans). Les aliments ultra-transformés, le groupe 4 selon la classification Nova, représentaient en moyenne 17,3 % du poids total du régime alimentaire.
La consommation d’aliments ultra-transformés, en proportion du régime (%) et en quantité (g/j), était associée à une augmentation du risque de déclarer un diabète de type 2 (DT2). Chaque augmentation de la consommation UPF, de 10 % ou de 100 g/j, augmente le risque de DT2 respectivement de 15 et 5%. A l’inverse, la proportion d’aliments pas ou peu transformés était quant à elle inversement associée avec le DT2.
A noter toutefois qu’il s’agit d’une étude observationnelle, avec un échantillon non représentatif de la population française (plus de femmes, plus haut niveau d’études et meilleures habitudes alimentaires…).
…Qui ne s’explique pas seulement par la qualité nutritionnelle
Plusieurs hypothèses ont été avancées par les auteurs pour expliquer cette association. Sur le plan nutritionnel, les aliments ultra-transformés sont en général riches en sodium, en énergie, en graisses, en sucres, pauvres en fibres et ont un index glycémique élevé. Plusieurs groupes d’aliments classés comme UPF sont d’ailleurs des facteurs de risque de diabète de type 2 (ex. « viande transformée », boissons sucrées…). Cependant, l’association entre UPF et DT2 reste significative après ajustement sur la qualité de l’alimentation. De même, si une consommation importante d’UPF peut entrainer des apports énergétiques plus importants et une prise de poids [2], l’association entre UPF et DT2 reste significative après ajustement sur les apports énergétiques, l’IMC et la variation du poids. Pour finir, l’association reste également significative après ajustement sur la consommation de céréales complètes, fruits et légumes, identifiés comme facteur protecteur de DT2 et dont la consommation est plus faible chez les plus grands consommateurs d’UPF.
Des pistes d’explication à suivre
Au-delà de la qualité nutritionnelle, les UPF se caractérisent par les procédés qu’ils subissent (extrusion, remodelage, hydrogénation…) pouvant mener à la production de composés néoformés, par l’utilisation de certains additifs ainsi que par le contact prolongé avec leur emballage favorisant la migration potentielle des composants dans l’aliment. Les effets à long termes des additifs sur la santé vont faire l’objet d’une étude approfondie et multidisciplinaire, incluant notamment la cohorte Nutrinet, combinant données épidémiologiques et expérimentales.
[1] Voir notre brève à ce sujet (mars 2019)
[2] Hall KD, et al. Cell metab 2019 May 16
Brèves nutrition n°81
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