La prévention santé passe par la proximité avec les populations ciblées

Interview de Thibault Deschamps :
Président du programme « Vivons en forme »

Interview de Thibault Deschamps Président du programme « Vivons en forme »

Juin 2024

Déployé dans plus de 270 villes de Métropole et d’Outre-mer, « Vivons en Forme » entraîne l’ensemble d’une population locale dans une dynamique de prévention et d’amélioration de la santé en agissant, notamment, sur l’activité physique. Son président, Thibault Deschamps, éclaire une course de fond qui dépasse le contexte porteur des Jeux Olympiques.

« Paris 2024 » est-il une opportunité pour promouvoir l’activité physique auprès de la population française ?

Il est indéniable qu’un événement d’envergure comme les « JO de Paris » apporte de la visibilité aux disciplines sportives et encourage des vocations, mais cela bénéficie principalement aux fédérations qui enregistrent une hausse des adhésions. En revanche, l’impact sur la population générale et, a fortiori, sur les plus défavorisés, reste limité. Ainsi, des études réalisées après les JO de Londres ont constaté l’absence de réduction des inégalités en ce qui concerne l’activité physique et le surpoids. Néanmoins, l’obtention des Jeux Olympiques et Paralympiques a permis au Président de la République de décréter l’activité physique et sportive « Grande cause nationale 2024 », avec pour objectif prioritaire « d’inverser les courbes de la sédentarité ». C’est dans cette ambition qui dépasse l’actualité événementielle que s’inscrit le programme de prévention santé Vivons en Forme (VIF®).

Quels en sont les objectifs ?

L’Anses[1] considère que 95 % de la population française est exposée à des risques santé liés au manque d’activité physique. On sait, par exemple, que l’activité physique est le premier « médicament » contre le diabète de type 2 et l’un des principaux leviers pour équilibrer les apports caloriques, réguler la nutrition. Mais expliquer aux personnes qu’il faut faire 30 mn de marche rapide par jour – soit l’équivalent de 6 000 pas de 55 à 65 centimètres – ne suffit pas à les mettre en mouvement si l’on ne crée pas un environnement global favorable à l’activité physique. C’est précisément ce que propose le programme VIF : faire évoluer durablement les comportements en agissant, au niveau d’une ville ou d’une intercommunalité, sur l’écosystème des enfants et de leur famille grâce à l’implication de tous les acteurs locaux (école, restauration scolaire, activités périscolaires, équipements sportifs, tissu associatif, organismes et professions de santé, acteurs sociaux, commerçants, entreprises privées...). La dynamique repose, en amont, sur une volonté politique : « Je veux une population en forme ! » Puis elle se déploie à travers la mobilisation communautaire pour porter ses fruits sur le terrain, en se concentrant notamment, mais sans exclusivité, sur les populations ou les quartiers qui en ont le plus besoin.

Comment est née cette approche très spécifique ?

Le programme VIF est issu d’une expérimentation menée dans les années 1990, pendant douze ans, sur deux villes du Nord-Pas-de-Calais fortement touchées par l’explosion de l’obésité. L’étude Fleurbaix Laventie Ville Santé (FLVS), dont la filière sucre française a été un partenaire fondateur, a mis en évidence la possibilité de faire reculer le surpoids et l’obésité chez les enfants en faisant évoluer les normes sociales grâce à la mobilisation de l’environnement. L’expérimentation a connu plusieurs développements, notamment au niveau européen, et a débouché sur la création, en 2011, du programme Vivons en forme. Témoin de cet héritage, l’acronyme FLVS a inspiré la signature qui résume aujourd’hui notre vocation : « Fédérons Les Villes pour la Santé ». Aujourd’hui, plus de 270 collectivités de France métropolitaine et d’Outre-mer sont engagées dans le programme VIF...

Votre méthode s’appuie sur le marketing social. Quel en est le principe ?

En résumé, il s’agit d’utiliser des techniques commerciales pour « vendre » des comportements et influer de manière positive sur les modes de vie. Nous étudions les freins et leviers d’adhésion de la population ciblée afin de définir les outils et canaux d’intervention. À l’inverse des interdictions ou des injonctions, le principe consiste à mettre en valeur les choix sains et à susciter l’adhésion sans contrainte en utilisant, notamment, le principe des nudges[2] et des ateliers où le jeu occupe une grande place. Par exemple, proposer à un enfant d’utiliser le creux de sa main pour quantifier les bonbons qu’il peut manger dans la journée permet d’instaurer un réflexe de consommation raisonnée sans générer de rejet ou de frustration et qui restera une référence lorsqu’il grandit. L’idée est de faire vivre une expérience qui, par les émotions suscitées et la répétition des actions, va s’inscrire dans la mémoire.

 

Comment appréhendez-vous le lien entre activité physique et alimentation ?

Les mesures de condition physique, de statut pondéral des enfants et de montée en compétences de l’environnement socio-familial sont des indicateurs clés dans l’évaluation de nos actions. Encourager l’activité physique, c’est travailler sur la question du temps d’écrans ou encore promouvoir l’utilisation de la trottinette mécanique ou l’organisation de « pédibus » (faire à pied et en groupe les trajets domicile-école). Au niveau de l’environnement, nous proposons aux municipalités de créer des pistes cyclables, de construire de véritables trottoirs pour les piétons, voire de fermer temporairement les voies d’accès aux lieux scolaires et périscolaires afin que parents et enfants finissent à pied le trajet jusqu’à l’école... Côté alimentation, nous proposons par exemple une action consistant à faire découvrir un fruit et un légume par jour. L’enfant découvre le produit, son origine, ses utilisations..., comment on passe de la patate douce à la purée. L’encadrant dispose de fiches pédagogiques et remet à l’enfant un livret avec des idées de recettes et de menus intégrant les produits du jour. Notre objectif est qu’à son entrée en 6ème, l’enfant n’ait plus un fruit et légume de son écosystème qui lui soit inconnu.

Cultures Sucre

 

Quel est votre modèle économique ?

Le programme Vivons en Forme est financé à la fois par les collectivités, par des fonds européens et à environ 70 % par des mécènes privés. On sait que la puissance publique et le système de santé ne peuvent répondre, seuls, à l’ampleur du problème. Les collectivités territoriales ainsi que les acteurs privés doivent y prendre leur part, sachant que l’efficacité ne se construit pas à coup de milliards d’euros mais passe par la proximité avec les populations ciblées. À cet égard, le programme VIF a fait ses preuves. D’ailleurs, il est officiellement reconnu « Service public augmenté ».[3] À l’heure des enjeux de responsabilité sociétale, beaucoup d’entreprises ont compris que leur mission ne consiste pas uniquement à créer des produits et des emplois mais qu’elles peuvent aussi contribuer à préserver le capital santé. VIF bénéficie du soutien d’acteurs issus de différents horizons. L’industrie alimentaire est, bien entendu, fortement concernée par ces questions, mais nous comptons également des assurances et des organismes professionnels, dont Cultures Sucre. VIF repose ainsi sur un partenariat public-privé éthique et responsable dans une démarche de coopération qui, conformément à sa vocation originelle, anime tous les acteurs de notre communauté.

Cultures Sucre
« Vivactéo » : agir pour vivre en forme

Sur la base de l’expérience acquise depuis plus de trente ans par Vivons en Forme (VIF®), Thibault Deschamps a récemment contribué à la création du fonds de dotation Vivactéo dédié à la promotion santé et initié en partenariat avec l’ANIA autour de trois objectifs :

  •  Fédérer les acteurs investis au sein d’un écosystème.
  •  Co-construire avec les Pouvoirs publics.
  •  Soutenir des actions remarquables.

Pour en savoir +

[1] Agence nationale de Sécurité sanitaire de l'Alimentation, de l'Environnement et du Travail
[2] Lire à ce sujet nos articles consacrés aux nudges et aux déterminants des choix alimentaires.
[3] Vivons en Forme a été choisi par la Direction interministérielle de la transformation publique (DITP) en tant que programme « Santé ».

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