Septembre 2023
Fédération des métiers de l’épicerie et de la nutrition spécialisée, l’Alliance 7 regroupe neuf syndicats, dont trois sont dédiés à des produits sucrés : Syndicat du Chocolat, Confiseurs de France, Biscuits, Gâteaux et Panifications de France. Le directeur général de l’Alliance 7, Gilles Rouvière, livre un état des lieux de ces marchés qui ont été fortement impactés par la crise sanitaire.
Quelles sont les missions de l’Alliance 7 et quel y est le poids du secteur sucré ?
Notre Fédération réunit plus de 400 entreprises qui représentent au total 55 000 emplois et réalisent 27,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 25 % à l’export. Ses missions essentielles sont d’informer et d’accompagner ses adhérents, d’agir pour un environnement favorable au développement des entreprises, dialoguer et négocier avec les partenaires sociaux. Notre fédération représente notamment plus de 90 % des entreprises du secteur de l’épicerie sucrée. Le secteur du Chocolat compte environ 115 entreprises employant 30 000 personnes, dont plus de la moitié en production, et pèse 3,2 milliards d’euros (Mds€) de chiffre d’affaires en France (grandes et moyennes surfaces-GMS) et 1Md € à l’export. Le secteur des Biscuits, Gâteaux et Panifications représente également 115 entreprises pour 12 000 emplois directs, 3,9 Mds€ de CA France (GMS) et 1,6 Mds à l’export. Enfin, le secteur de la confiserie, représenté par le syndicat « Confiseurs de France », dénombre 6 800 emplois directs, 1,5 Md€ de CA France (GMS) et 0,2 Mds € à l’export.
Quelles sont les tendances observées sur ces marchés ?
Le marché des chocolats a connu des performances contrastées. En 2020, les chocolats saisonniers (Pâques, Noël), qui représentent 5 et 10 % des volumes annuels des ventes, ont été pénalisés par les contraintes sanitaires. À l’inverse, les chocolats permanents ont enregistré une forte croissance, notamment grâce aux tablettes. Après cette hausse exceptionnelle, les ventes se sont repliées en 2021 et 2022. Par ailleurs, le marché des biscuits et gâteaux reste relativement stable d’une année sur l’autre, mais ce secteur a été touché par la flambée des prix de nombreux ingrédients et par des difficultés d’approvisionnement. Ce sont les gâteaux (40 % des volumes) qui s’en tirent le mieux, tandis que la plupart de segments de biscuits sont à la peine.
Il semblerait que les confiseries aient été particulièrement touchées par la crise sanitaire ?
Effectivement, le premier et plus long confinement a été instauré au deuxième trimestre durant le grand temps fort pour les dragées (mariages, communion). Plus de fête d’anniversaire avec ses copains d’école, pas de porte à porte à Halloween… Les nougats et autres spécialités régionales, fortement corrélés au tourisme, ont aussi été impactés. Enfin, les musées, cinémas, fêtes foraines, hôtels, compagnies aériennes et boutiques duty-free sont autant de lieux d’achat de confiseries qui ont été fermés. Sans oublier le port du masque qui a conduit à un repli des ventes de chewing-gums. Heureusement, depuis quelques trimestres le marché des confiseries reprend des couleurs mais le contexte inflationniste pourrait freiner cette reprise.
L’engouement pour le « made in France » s’étend-il aux produits sucrés ?
Pour les consommateurs, l’origine locale des produits et/ou ingrédients est de plus en plus importante. Cependant, le contexte économique actuel accentue un peu plus la dichotomie entre les déclarations d’achat et l’arbitrage final où le prix reste le principal déclencheur de l’acte d’achat. Côté fabricants, bon nombre d’entreprises des secteurs de l’épicerie sucrée sont investies dans la valorisation de l’origine France de leurs produits. Un certain nombre de PME sont également labellisées « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Dans ces conditions, beaucoup de fabricants privilégient un approvisionnement français pour leurs ingrédients quand les disponibilités le permettent, tant pour répondre aux attentes des consommateurs que dans une logique de durabilité. L’origine France du sucre est importante pour de nombreuses entreprises mais les difficultés sur les volumes disponibles ajoutées à la forte hausse des prix pourraient fragiliser l’attractivité et la valorisation de cette origine. Sans oublier la perte de compétitivité et/ou de part de marchés à l’international que ces difficultés engendrent.
Quels défis et opportunités se présentent pour les produits d’épicerie sucrés ?
L’inflation et ses conséquences constituent aujourd’hui un défi majeur pour nos entreprises. Si alimentation et plaisir restent fortement imbriqués dans l’esprit des consommateurs français, le contexte inflationniste les force à réaliser des arbitrages au sein de leur panier alimentaire. Le risque pour un arbitrage en défaveur des produits non essentiels est donc significatif, notamment en cas de nouvelles hausses des prix qui limiteraient l’accès aux petits plaisirs des produits d’épicerie sucrée. La part des produits qui ne passeraient plus du rayon au panier du consommateur pourrait alors s’accroître, fragilisant les entreprises de ces secteurs, notamment les PME/TPE qui représentent 85 % de ces marchés. Il n’en demeure pas moins que les trois catégories de produits sucrés que nous représentons incarnent des valeurs fortes d’attachement et de réconfort auprès de nos consommateurs. Ces produits gourmands et dégustés, pour certains, de manière ritualisée et festive, sont appréciés de manière transgénérationnelle. Toutes ces catégories de produits sont aussi pleinement conscientes et engagées depuis des années, de manière collective et de manière individuelle au sein des entreprises, à répondre aux multiples enjeux de responsabilité sociétale et de durabilité.