Juin 2023
Si les personnes en surpoids ou obèses semblent particulièrement concernées par l’alimentation émotionnelle – cette tendance à manger sous le coup des émotions – peu d’études ont cherché à distinguer les types d’émotions derrière ce comportement. Après une précédente étude auprès de participants en ligne, des chercheurs ont approfondi le sujet à partir des données renseignées par 63 adultes américains en surpoids ou obèses (principalement des femmes) souhaitant intégrer un programme de perte de poids.
Explorer les différentes facettes de l’alimentation émotionnelle
À cette occasion, les participants renseignaient 6 différents questionnaires validés :
– Deux questionnaires mesurant les différentes facettes de l’alimentation émotionnelle :
- La tendance à manger sous le coup des émotions négatives telles que la déprime (ex : tristesse, solitude…), l’ennui (désintérêt, sous-stimulation) ou l’anxiété/la colère (inquiétude, irritation…)
- La tendance à manger sous le coup des émotions positives (joie, détente, assurance…) ;
– Deux autres questionnaires mesurant la présence de troubles du comportement alimentaire :
- les troubles alimentaires en général (restriction cognitive, préoccupation pour le poids…)
- Le binge eating ;
– Un autre questionnaire mesurant les difficultés à réguler les émotions, ce trait psychologique pouvant être un facteur à l’origine d’une gestion de l’inconfort émotionnel (non résolu autrement) par l’alimentation.
– Un dernier questionnaire mesurait les symptômes dépressifs des participants.
Manger sous le coup de la déprime, la tendance la plus problématique
La tendance à manger sous le coup de la déprime, présente de façon marquée chez 44,4 % des sujets, étaient de loin le type d’alimentation émotionnelle le plus fréquent, devant la tendance à manger en réponse à l’anxiété/la colère (20,6 %), à l’ennui (17,5 %) et aux émotions positives (14,3 %).
Cette tendance à manger en cas de coup de blues ressortaient par ailleurs comme associée aux troubles alimentaires en général et au binge eating, ainsi qu’aux symptômes dépressifs. Compte tenu de sa fréquence plus élevée et de ces différentes associations, spécifiques à l’alimentation sous le coup de la déprime, cette forme d’alimentation émotionnelle pourrait ainsi s’avérer la plus problématique chez les personnes en surpoids ou obèses, et donc celle à investiguer et cibler en priorité par les professionnels de santé accompagnant ces personnes.
Quid de l’anxiété, de la colère et des émotions positives ?
Par ailleurs, contrairement à l’hypothèse des chercheurs et à leurs résultats antérieurs, seule l’alimentation sous le coup de l’anxiété/la colère s’avérait associée à des difficultés de régulation des émotions. Des recherches complémentaires sont jugées nécessaires pour préciser quels profils d’individus pourraient bénéficier d’un accompagnement à la gestion des émotions.
Enfin, le fait de se tourner vers des aliments en cas d’émotions positives était associé à de moindres symptômes dépressifs (Figure), et n’était associé ni aux troubles alimentaires en général, ni au binge eating, ni à des difficultés à gérer ses émotions. Les auteurs notent toutefois que d’autres études ont au contraire rapporté de telles associations.