Avril 2025L’odorat est l’un des premiers sens sollicités face à un aliment, mais son rôle dans les choix alimentaires reste peu étudié, en particulier dans les populations d’enfants, où les aversions et rejets alimentaires sont pourtant fréquents. Dans une étude exploratoire, des chercheurs ont ainsi examiné les corrélations entre l’olfaction, la néophobie (rejet des aliments inconnus) et l’acceptation des fruits et légumes chez 126 enfants suédois de 9 à 12 ans. Les chercheurs s’intéressaient plus précisément à deux facettes de l’odorat :
- d’une part, la conscience olfactive, c’est-à-dire le degré d’attention et d’importance accordées aux odeurs autour de soi (odeurs alimentaires, corporelles, environnantes). Celle-ci était mesurée par un questionnaire, dans lequel les participants devaient indiquer à quel point ils étaient d’accord avec une série de 12 affirmations (par exemple : « Quand je sens une odeur, j’essaie de déterminer d’où elle vient / ce que c’est » ; « Je vérifie l’odeur de mes vêtements pour savoir quand il faut les laver, etc.)
- d’autre part, la sensibilité olfactive, reflétée ici par la capacité à identifier les odeurs. Celle-ci était mesurée via un test (U-sniff) de reconnaissance de 12 odeurs, alimentaires (ex. banane) ou non (ex. herbe coupée).
Parmi les principaux résultats, les enfants avec une plus grande conscience olfactive – qui, par définition, décrivent la haute influence des odeurs sur leurs décisions alimentaires – avaient tendance à moins accepter les légumes. Les odeurs parfois fortes/peu agréables de certains légumes pourraient ainsi les dissuader d’en consommer. Aucune corrélation n’était en revanche mise en évidence entre la sensibilité olfactive et l’acceptation des fruits et légumes. Ce dernier résultat pointe ainsi les rôles potentiels distincts de la sensibilité et de la conscience olfactive dans l’acceptation des aliments. D’ailleurs, ces deux marqueurs olfactifs s’avéraient non corrélés l’un à l’autre. Autrement dit, on peut être très conscient des odeurs autour de soi sans nécessairement être capable de bien les identifier. En perspective de ces travaux, les chercheurs suggèrent d’explorer les effets potentiels d’une familiarisation ludique avec les odeurs de légumes pour les rendre plus attrayants
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