Février 2025
Le régime sans gluten (RSG) est actuellement le seul traitement de la maladie cœliaque (MC). Cependant, parfois promu par les réseaux sociaux, le marketing, ou certains professionnels de santé, son utilisation s'est étendue à d'autres contextes cliniques sans contrôle médical approprié. Des chercheurs ont donc fait le point sur les bénéfices et les risques de ce régime.
Les troubles liés au gluten
La maladie cœliaque (MC) est une maladie auto-immune induite par l'ingestion de gluten, affectant environ 1% de la population, avec une prédisposition génétique. Un régime sans gluten strict à vie est la seule thérapie connue permettant d’induire et de maintenir la rémission de cette maladie.
Le RSG est également indiqué dans la sensibilité au gluten non cœliaque, caractérisée par des symptômes intestinaux et extra-intestinaux liés au gluten mais sans les marqueurs sérologiques ou histologiques de la MC. Enfin, l’allergie au blé, une réaction allergique provoquée par l’ingestion de blé, nécessite un régime proche du RSG (les céréales autres que le blé sont admises).
Un régime utilisé dans d’autres contextes…
Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est un trouble chronique caractérisé par des symptômes intestinaux. Si certains patients atteints de SII peuvent bénéficier d'un RSG, les preuves ne sont pas suffisantes pour recommander son utilisation systématique, et les symptômes peuvent même être exacerbés (voir paragraphe suivant). D’après la littérature, le RSG pourrait également améliorer les symptômes du psoriasis, qui est étroitement lié aux pathologies digestives. Par ailleurs, des résultats bénéfiques ont été observés dans la dépression et l'anxiété, mais des études supplémentaires sont nécessaires. Enfin, bien que parfois recommandé dans l’endométriose, aucune preuve solide de l’efficacité du RSG n’a été rapportée dans ce contexte.
Au-delà de ces pathologies, le RSG est parfois suivi sans indication médicale par des personnes recherchant un mode de vie plus sain, une perte de poids, une meilleure santé cardiovasculaire ou une amélioration des performances physiques, sans en connaître les risques.
... non sans risques
Or, suivre un RSG strict est relativement contraignant et peut retentir sur la vie sociale (ex : peur de manger à l’extérieur), affecter la qualité de vie voire entraîner des états dépressifs. Il est également jusqu’à cinq fois plus cher qu’une alimentation classique. Par ailleurs, un RSG sans indication médicale peut compliquer le diagnostic des pathologies liées au gluten (qui se font sous régime contenant du gluten), ou entraîner des déséquilibres en macro- et micronutriments.
Enfin, un RSG peut favoriser la consommation d'aliments riches en FODMAPs [1] (légumineuses, amarante, certains fruits et légumes), entraînant ou exacerbant les symptômes intestinaux et extra-intestinaux du SII. Un RSG peut également favoriser une consommation importante d'aliments riches en nickel (sarrasin, millet, riz brun, quinoa complet, sorgho, maïs ou pommes de terre) ou en histamine (légumineuses, fruits secs, oléagineux, champignons et certains fruits et légumes), aggravant les symptômes chez les sujets présentant une sensibilité à ces composants.
Une évaluation clinique minutieuse par un gastro-entérologue, un diététicien et parfois un psychothérapeute est donc recommandée avant et pendant un RSG.

Figure : aspects négatifs et risques du régime sans gluten.
GFD (gluten-free diet) : régime sans gluten (IBS (irritable bowel syndrome) : syndrome de l’intestin irritable).
[1] FODMAP (Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides And Polyols) : glucides à chaînes courtes peu absorbés et fermentés dans le côlon.