Juin 2024
L’équipe de recherche en santé publique à l’origine de la cohorte française NutriNet-Santé et du Nutri-Score, a cherché à savoir si ce logo, indicateur de la qualité nutritionnelle d’un produit, pouvait influencer le consommateur quand il est ajouté sur une publicité alimentaire.
Tester l’effet du Nutri-Score dans les publicités
Pour cela, plus de 27 000 « Nutrinautes » ont été répartis en trois groupes :
- un premier groupe exposé à des publicités alimentaires avec le Nutri-Score ;
- un second exposé à des publicités alimentaires sans le Nutri-Score ;
- un troisième exposé à des produits alimentaires, sans publicité ni Nutri-Score.
Chaque sujet était exposé à 6 publicités différentes (ou produits différents pour le 3e groupe), parmi 39 publicités/aliments présentant des profils nutritionnels très variables (allant d’un Nutri-Score A à E) et appartenant à différentes catégories alimentaires (céréales, boissons, cookies, plats préparés, desserts, etc.) consommées à différentes occasions dans la journée (petit-déjeuner, repas, snack, apéritif…) et par différents segments de consommateurs (enfants, adultes…).
Un score global mesurant l’impact de la publicité était calculé à partir des réponses des participants à six questions couvrant les grands types de déterminants reconnus des comportements :
-
deux questions sur les déterminants cognitifs
- sur la perception de la qualité nutritionnelle du produit,
- sur la perception de l’effet du produit sur la santé,
- une question sur les déterminants affectifs, mesurant l’attitude globale vis-à-vis du produit (+/- favorable)
- trois questions sur les déterminants intentionnels
- sur les intentions d’achat du produit,
- sur les intentions de consommation du produit,
- sur les intentions de donner le produit à un enfant.
L’apposition du Nutri-Score renforce les perceptions (positives ou négatives) des produits
Résultats ? Dans les 3 groupes, le score global (reflétant l’image globale qu’ont les participants du produit), augmentait avec la qualité nutritionnelle du produit. Et l’ajout du Nutri-Score accentuait cet effet : il renforçait la note positive des produits notés A et B et baissait l’image des produits D et E, sans modification pour les produits C. Enfin, de manière inattendue, le fait d’être exposé aux publicités semblait dégrader la notation globale du produit (reflet d’une certaine irritation vis-à-vis de la publicité ?).
De tels effets étaient observés pour chacun des déterminants considérés individuellement, avec les effets les plus marqués observés sur les jugements cognitifs, puis sur les jugements affectifs, et enfin sur les intentions.
Cette étude est la première à mettre en évidence un effet du Nutri-Score sur les différents types des déterminants prédictifs des comportements d’achat. Ajouté sur les publicités alimentaires, le Nutri-Score semble ainsi à même de réorienter les consommateurs vers des choix alimentaires plus favorables, à la fois en les écartant des options les moins saines et en les attirant vers les aliments les plus vertueux. Toutefois, ces résultats expérimentaux mériteront d’être validés en situation réelle d’achat, auprès de consommateurs moins tournés vers les questions nutritionnelles que ceux de la cohorte NutriNet-Santé.