Petite enfance : comprendre les fondations de l'autorégulation de l'appétit

Petite enfance : comprendre les fondations de l'autorégulation de l'appétit | Cultures Sucre

Janvier 2025

La capacité à réguler ses apports énergétiques (on parle d’auto-régulation de l’appétit) se développe dès la plus tendre enfance et jouera un rôle déterminant tout au long de la vie pour maintenir une balance énergétique équilibrée et prévenir l’obésité. Toutefois, cette capacité est encore trop souvent perçue comme résultant de la seule volonté et d’un contrôle cognitif, occultant la complexité des processus en jeu. Des chercheurs américains proposent un modèle complet rassemblant différents modèles et théories existants, intégrant à la fois le tempérament de l’enfant et trois grands systèmes impliqués dans l’acquisition de nombreux comportements de santé : le système biologique, le système psychologique et le système socio-environnemental.

Trois systèmes en interaction

Le modèle proposé permet d’expliquer comment des facteurs internes (tels que la faim, la satiété, mais aussi les émotions ressenties par l’enfant) et externes (environnement et stimuli alimentaires, pratiques mises en place par les parents autour de l’alimentation des enfants) interagissent et impactent la formation de l’auto-régulation de l’appétit au cours de la petite enfance.

 

 capacité d’autorégulation de l’appétit
Dès le plus jeune âge, les systèmes biologique, psychologique et social agissent de concert sur la régulation de la prise alimentaire. Le tempérament de l’enfant agit comme un modulateur.

Figure : Modèle bio-psycho-social du développement de la capacité d’autorégulation de l’appétit proposé par les chercheurs.

  • Le système biologique intervient notamment dans la mise en place de l’auto-régulation à travers l’axe intestin-cerveau, qui régule les signaux de faim et de satiété via la myriade d’hormones (ghréline, leptine, GLP-1…) et de neurotransmetteurs sécrétés par l’organisme pour équilibrer la balance énergétique. Le rôle additionnel du microbiote intestinal dans cette régulation est de plus en plus reconnu. Le système psychologique englobe le contrôle cognitif (capacité d’inhibition), les émotions ou encore le stress. Si les émotions négatives/le stress ont tendance à diminuer l'appétit dans certains cas, via la sécrétion d’hormones (catécholamines), la nourriture peut aussi être recherchée dans d’autres cas pour dissiper des émotions négatives. Ce dernier effet résulte de l’apprentissage progressif du plaisir que l’on peut anticiper de la consommation de certains aliments via les circuits de la récompense.
  • S’ajoute à ces deux systèmes le système socio-environnemental. Au premier plan de celui-ci, le rôle des pratiques parentales sur le développement de l’auto-régulation de l’appétit est primordial. Par exemple, les pratiques parentales restrictives tôt dans l’enfance prédiraient la tendance ultérieure à manger sans faim chez l’enfant. L’environnement alimentaire plus large joue aussi un rôle clé dans l’acquisition de la régulation de l’appétit, par exemple à travers la disponibilité alimentaire (ex. insécurité alimentaire…).

De nombreux exemples illustrent les influences respectives de chaque système sur les autres systèmes.

Au fil des âges, la part des différents systèmes évoluent. De 0 à 1 an, la régulation alimentaire repose principalement sur des signaux physiologiques de faim et de satiété (régulation homéostatique). Vers 2-3 ans, le contrôle volontaire de l’attention et des impulsions commence à émerger. Les comportements alimentaires deviennent plus sensibles aux facteurs socio-environnementaux, psychologiques et hédoniques, avec une augmentation de l’alimentation en l’absence de faim. De 3 à 5 ans, le contrôle volontaire se perfectionne encore, aboutissant peu à peu à un système intégré de régulation de la prise alimentaire.

Le tempérament comme modulateur

Les chercheurs ajoutent à ce modèle le rôle modulateur essentiel du tempérament de l’enfant. Plus précisément, les influences des systèmes bio-psycho-social sur la mise en place de l’auto-régulation ne seraient pas universelles, mais dépendraient du vécu subjectif de l’enfant. Pour étayer ce point, les chercheurs s’appuient sur la théorie du tempérament, qui décrit les différences individuelles biologiquement déterminées (dans la fonction neuronale...) en matière de réactivité et de régulation du comportement, des émotions et de l'attention. Ainsi, selon que les enfants présentent une affectivité négative (anticipation négative et stressante d’un stimulus) ou un tempérament plus extraverti (anticipation positive et recherche de sensations et de nouveautés), ils ne vivent pas l’expérience alimentaire de la même manière, ce qui peut influencer le développement du système d’auto-régulation de l’appétit. Illustration ? Un enfant présentant une affectivité négative élevée (ex : sensation de faim vécue comme très désagréable, rejet de certaines textures) pourrait vivre avec plus d’émotion et de stress les tentatives de contrôle parental sur son alimentation (restriction ou pression à manger), modifiant alors son rapport à la nourriture.

Les chercheurs soulignent l’intérêt du modèle théorique proposé pour éclairer les rouages du développement de l’auto-régulation de l’appétit au cours de l’enfance. En particulier, la reconnaissance de l’existence de trajectoires individuelles distinctes résultant d’une combinaison unique d’une multitude de facteurs en interaction est cruciale et nécessaire pour sortir de l’impasse d’une approche unique en matière d’apprentissage de la régulation alimentaire.

A retenir

  • Contrairement à certaines idées reçues participant à la stigmatisation de l’obésité, la régulation de la prise énergétique ne relève pas de la seule volonté et du contrôle cognitif.
  • Des chercheurs proposent un modèle théorique complet reconnaissant les influences biologiques, psychologiques et sociales complexes agissant au cours du développement de la régulation de l’appétit dans l’enfance.
  • Ces influences sont elles-mêmes modulées par le tempérament de l’enfant, soulignant la nécessité d’approches personnalisées dans les stratégies de régulation des prises alimentaires des enfants.  
×
Nous récoltons vos données
Nous stockons et accédons à des informations non sensibles sur votre appareil, comme des cookies ou l'identifiant unique de votre appareil, et traitons vos données à caractère personnel comme votre adresse IP ou un identifiant cookie, pour des traitements de données comme la mesure du nombre de visiteurs. Ces informations seront conservées 6 mois à des fins statistiques. Vous pouvez faire un choix ici et modifier vos préférences à tout moment sur notre page concernant les cookies accessibles depuis toutes les pages de ce site web. Aucun cookie ne sera déposé si vous décidez de remettre votre choix à plus tard.
Tout accepter Tout refuser
×
Paramétrer les cookies
Nous déposons des cookies et utilisons des informations non sensibles de votre appareil pour améliorer nos produits. Vous pouvez accepter ou refuser ces différentes opérations. Pour en savoir plus sur les cookies, les données que nous utilisons, les traitements que nous réalisons, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité.
Cookies de fonctionnement
Garantissent le bon fonctionnement du site et permettent de mettre en œuvre les mesures de sécurité.

Durée de conservation : 6 mois

Liste des responsables : Cultures Sucre

Liste des destinataires : Cultures Sucre

Toujours actifs
Cookies de mesure d'audience
Cookies permettant d'obtenir les statistiques de fréquentation du site (nombre de visites, pages les plus visitées, …).

Durée de conservation : 6 mois

Liste des responsables : Cultures Sucre

Liste des destinataires : Cultures Sucre