Le pain est un aliment consommé quotidiennement par des millions de personnes à travers le monde. Souvent fait à partir de blé, son introduction dans les cultures humaines suggère que le microbiote intestinal s’est adapté à sa métabolisation. Aujourd’hui il existe une grande variété de pain (degré de raffinage de la farine, type d’agent levant…) et les études sur les bénéfices du pain complet par rapport au pain blanc sur la santé apportent des résultats contradictoires. Supposant un effet sur la réponse glycémique et des variations sur le microbiote, les auteurs de cet article, publié en 2017, ont comparé les effets métaboliques de deux pains : pain blanc industriel et pain complet traditionnel au levain.
Pas de différence à l’échelle du groupe
Les chercheurs ont pour cela réalisé un essai croisé randomisé (n=20) avec une semaine d’intervention pour chaque pain (consommation de 100g de glucides assimilables par jour), espacée de 2 semaines. Ils n’ont trouvé aucune différence significative entre les deux pains sur la réponse glycémique ni la tolérance au glucose. Une analyse de selles avant et après l’intervention n’a montré aucune différence significative entre les deux pains sur la diversité, l’abondance relative des phyla ou les propriétés fonctionnelles du microbiote. Reprenant l’analyse en se concentrant sur la 1ère semaine d’intervention (sans prendre en compte le type de pain), les chercheurs ont cependant noté des changements, significatifs mais faibles, de plusieurs variables cliniques et facteurs de risque suite à la consommation de pain.
Mais des variabilités interindividuelles que le microbiote peut prédire
Pour comprendre cette absence d’effet, les chercheurs ont ensuite évalué la réponse glycémique postprandiale induite par la consommation de chaque pain et ils ont observé une variabilité interindividuelle statistiquement significative. Ces résultats suggèrent que l’absence de différence observée entre les types de pain à l’échelle du groupe provient d’un effet spécifique à la personne. En comparant cette réponse aux données sur les microbiotes, les auteurs ont montré que l’on peut prédire pour chaque personne le type de pain qui induit la réponse glycémique la plus basse, à partir du séquençage du microbiote avant l’intervention. Ainsi, comprendre la variabilité interpersonnelle des effets de la consommation de pain au niveau du microbiote notamment pourrait permettre une personnalisation des recommandations nutritionnelles et une optimisation des choix alimentaires.