Juillet 2024
Diabète, hypertension, obésité, maladie rénale chronique : quels sont les liens et les interactions entre ces pathologies ? Une revue narrative de littérature explore cette question en examinant tant les données épidémiologiques, les mécanismes physiopathologiques, les prédispositions génétiques que les stratégies thérapeutiques.
Description des pathologies
Les auteurs commencent par rappeler les principales caractéristiques de chacune des pathologies considérées :
- Le diabète : sa forme la plus prévalente est le diabète de type 2 (90 à 95 % des cas). Ses facteurs de risque sont la présence d’antécédents familiaux, l’obésité, l’inactivité physique, le vieillissement ou encore l’origine ethnique. Le diabète se caractérise par une glycémie à jeun supérieure ou égale à 126 mg/dL, une glycémie au-delà de 200 mg/dL deux heures après la consommation de glucose, ou une hémoglobine glyquée HbA1c (qui reflète la glycémie moyenne des 3 derniers mois) supérieure ou égale à 6,5 %. Le traitement du diabète de type 2 se base sur des modifications du mode de vie (perte de poids, activité physique, alimentation saine) et/ou la prise de médicaments antidiabétiques (e.g. metformine).
- L’hypertension : elle est définie par une élévation prolongée de la pression artérielle au repos (≥ 130 mm Hg (systolique) et/ou 80 mm Hg (diastolique)). Sa prévalence augmente avec l’âge : elle affecte plus de 60 % des personnes de plus de 60 ans. Ses principaux facteurs de risque sont le surpoids, l’apport excessif de sel, le manque d’activité physique, ainsi que des déterminants génétiques et sociaux. Des modifications du mode de vie (perte de poids, restriction des apports en sel, hausse de la consommation de fruits et légumes, réduction de la consommation d’alcool et augmentation de l’activité physique) sont recommandées avant la prise de médicaments antihypertenseurs.
- L’obésité : elle résulte d’un déséquilibre chronique entre l’apport calorique et la dépense énergétique et se définit par un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 30 kg/m². Les auteurs rapportent qu’en 2016, 39 % des adultes étaient en surpoids et 13 % en situation d’obésité au niveau mondial. Les facteurs de risque sont génétiques et associés au style de vie et à l’environnement. Les stratégies thérapeutiques actuelles sont essentiellement basées sur des modifications du mode de vie ciblant l’alimentation et l’activité physique ou, dans les cas les plus sévères, la chirurgie bariatrique[1].
- La maladie rénale chronique : il s’agit d’une baisse chronique du fonctionnement des reins qui ne filtrent plus correctement le sang (baisse du débit de filtration glomérulaire, l’albuminurie étant le reflet d’une lésion de la barrière glomérulaire). Au niveau mondial, elle affecte environ 10 % des adultes âgés de plus de 20 ans (quel que soit le stade d’évolution de la maladie : de 1 à 5). Le diabète et l’hypertension en sont les principaux facteurs de risque. La stratégie thérapeutique consiste à traiter l’hypertension et le diabète et à protéger les reins par des médicaments ayant pour but de réduire la protéinurie et/ou l’albuminurie.
Quelles interactions ?
Les auteurs insistent ensuite sur le fait que ces quatre pathologies interagissent de façon à favoriser la progression de chacune d’entre elles. Le syndrome métabolique qui se caractérise par l’association d’une obésité abdominale, d’une hyperglycémie, d’une hypertension et/ou d’une dyslipidémie se trouve à la croisée de ces pathologies. Il affecte globalement entre 20 et 25 % de la population adulte ; les personnes touchées présentent un risque cardiovasculaire multiplié par 2 ainsi qu’une hausse du risque rénal.
Différents mécanismes communs, tels que l’inflammation, le stress oxydatif et la lipotoxicité[2] sont impliqués dans ces effets délétères synergiques. Si l’obésité, l’hypertension et le diabète sont des facteurs de risque pour l’apparition et la progression de symptômes rénaux, la maladie rénale chronique favorise quant à elle l’augmentation du risque cardiovasculaire par le biais de la perturbation du métabolisme minéral et de la calcification vasculaire [3].
Prédispositions génétiques
Chacune des pathologies – diabète, obésité, hypertension et maladie rénale chronique – est associée à des marqueurs de risque génétiques spécifiques. Les auteurs soulignent l’importance de mieux comprendre les dispositions génétiques favorables au développement de ces maladies, ainsi que leurs impacts sur les voies métaboliques impliquées (cf. figure).
Pour conclure, les auteurs mettent en lumière l’importance de mettre en place une prise en charge multidisciplinaire et centrée sur le patient, qui prend également en considération les aspects psychosociaux associés à ces maladies : anxiété, dépression, santé émotionnelle et qualité de vie. Parmi les nouvelles voies thérapeutiques qui pourraient être prometteuses pour l’avenir, on peut relever les interventions génétiques ou épigénétiques, la modification du microbiote intestinal ou encore la thérapie par les cellules souches.
[1] A noter que l’utilisation de médicaments de type « analogues du GLP-1 », non évoqués dans l’article, mais récemment mis en avant dans les médias et les réseaux sociaux, nécessite impérativement un encadrement médical, en particulier pour limiter les effets secondaires.
[2] Effets délétères associés à l’accumulation de lipides dans des tissus non-adipeux.
[3] L’insuffisance rénale entraîne un épaississement et une perte de souplesse de la paroi des vaisseaux sanguins en raison d’une accumulation de calcium et de phosphate.