Mai 2024
Quels sont les effets de la microgravité [1], à laquelle les astronautes sont soumis dans l’espace, sur le métabolisme énergétique ? Une étude dirigée par des chercheurs français et supervisée par les agences spatiales européennes (ESA) et françaises (CNES) examine, chez 11 astronautes masculins à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS : International Space Station), les effets de la microgravité sur la l’utilisation des macronutriments énergétiques par l'organisme. Pour cela, les astronautes ont participé à deux sessions de tests métaboliques : la première sur Terre, avant le vol, la seconde dans l’espace, après au moins 3 mois passés dans l’ISS. Des mesures d’oxydation des lipides et des glucides ont été réalisées à jeun, ainsi qu’en situation postprandiale après consommation d’un repas standardisé préparé par le Chef Alain Ducasse pour assurer une bonne acceptabilité par les participants (composition : 37 % de glucides, 35 % de lipides et 28 % de protéines).
Le métabolisme glucidique à jeun augmenté dans l’ISS…
Concernant les mesures réalisées à jeun, les résultats montrent, dans l’espace, une hausse significative du taux d’oxydation glucidique et une baisse du taux d’oxydation lipidique, comparativement aux mesures réalisées au sol. Alors que l’oxydation des glucides représente 44 % de la dépense énergétique à jeun au sol, elle y contribue à 65 % dans l’ISS (sans modification de la dépense énergétique totale à jeun). La contribution de l’oxydation lipidique est, quant à elle, passée de 34 % au sol à 10 % dans l’ISS.
Si ces résultats semblent confirmer les études réalisées sur Terre au cours des 30 dernières années, mimant une situation de microgravité, les auteurs attirent l’attention sur le fait que ces changements sont fortement associés aux modifications des apports alimentaires pendant le vol spatial. Selon eux, c’est principalement l’alimentation pendant le vol, plutôt que la microgravité, qui oriente le l’utilisation des substrats à jeun pendant les vols spatiaux.
… mais pas de modification de la flexibilité métabolique
La flexibilité métabolique est la capacité de l’organisme à adapter l’oxydation des substrats en fonction des conditions. En réponse à un repas, la flexibilité métabolique représente la capacité à passer efficacement de l’utilisation des lipides à jeun à l’utilisation des glucides suite au repas.
L’analyse des tests métaboliques effectués après le repas standardisé montre que
la flexibilité métabolique reste intacte chez les participants, même après plusieurs mois passés dans l’ISS, contrairement à ce qui avait été montré dans les études simulant, sur Terre, des situations de microgravité.
Enfin, les auteurs soulignent que la
grande variabilité entre les participants concernant l’oxydation des substrats après le repas semble dépendre des changements de leur
composition corporelle après plusieurs mois dans l’ISS, ainsi que du temps passé à pratiquer, en vol, une activité physique de type aérobie.
[1] c-à-d quand les forces d'origine gravitationnelle sont très faibles par rapport à la pesanteur à la surface de la Terre.