Novembre 2023
C’est la double peine d’une insécurité alimentaire vécue durant l’adolescence : elle augmente les risques de troubles alimentaires dans les années qui suivent. Les données de 2 137 dyades adolescents-parents issues de l’étude américaine EAT 2010-2018 confirment ainsi un risque doublé de binge eating lorsque la famille rencontre des difficultés financières pour remplir ses caddys, et des comportements inadaptés de contrôle du poids (jeûne, vomissement…) 1,5 fois plus fréquents. L’environnement familial accentue ou modère ce risque (Figure). Ainsi, le lien entre l'insécurité alimentaire et ces comportements inadaptés se révèle, de manière surprenante, renforcé :
- par l’importance accordée par les parents à des repas pris tous ensembles,
- par la communication familiale,
- par une faible préoccupation des parents envers le poids de leur adolescent,
- et par l’absence de taquineries sur le sujet.
Dans un contexte d’insécurité alimentaire, ces facteurs habituellement protecteurs semblent ainsi exacerber les troubles, peut-être parce qu’ils mettent en lumière les difficultés familiales : les adolescents se priveraient-ils pour protéger leur famille ?
En revanche, concernant le binge eating, l’étude n’identifie aucun facteur de l’environnement familial modulant significativement l’association entre l'insécurité alimentaire et ce trouble.
Figure : Comparaison des comportements inadaptés de contrôle du poids selon la sécurité/l’insécurité alimentaire du foyer, et selon différents facteurs de l’environnement familial
Les comportements inadaptés de contrôle du poids (jeûne, vomissement…) croissent avec l’insécurité alimentaire dans les familles accordant de l’importance aux repas en famille (courbe rouge pointillée), pratiquant une bonne communication familiale (courbe rouge pointillée), se préoccupant peu du poids de l’adolescent (courbe bleue) et ne le taquinant pas sur le sujet (courbe bleue).