Juin 2023
Selon qu’ils sont en paix ou préoccupés par leur image corporelle, les jeunes se nourrissent-ils plus ou moins bien ? Des chercheurs ont fait le tour de la question en rassemblant dans une revue les études sur le sujet menées au cours de l’adolescence, période critique durant laquelle l’exacerbation des préoccupations de l’image corporelle coïncide avec la consolidation des habitudes alimentaires.
Une trentaine d’études chez les adolescents
Sur la trentaine d’études d’observation retenues, 11 étaient menées en Europe et 11 en Asie. Deux grandes caractéristiques de l’image corporelle étaient mesurées dans les études, à l’aide de silhouettes et de questionnaires : la perception plus ou moins juste que les jeunes ont de leur image corporelle d’une part, et la satisfaction vis-à-vis de celle-ci d’autre part. Les habitudes alimentaires étudiées dépendaient des études considérées, englobant aussi bien les niveaux de consommation des différents groupes d’aliments (ex : fruits, légumes), que le type de régime (ex : régime méditerranéen) ou les rythmes des prises alimentaires (snacking, repas réguliers…)
Distorsion et insatisfaction autour de l’image corporelle
Premier constat des chercheurs : les prévalences importantes de distorsion (décalage entre la perception et la réalité chez 22 à 52 % des adolescents selon les études) et d’insatisfaction de l’image corporelle (20 à 77 %des adolescents). Avec des différences de genre marquées : les filles sont globalement plus insatisfaites de leur image corporelle, plus désireuses de perdre du poids et tendent plutôt à surestimer leur poids ; tandis que les garçons sous-estiment leur poids et déclarent plus fréquemment vouloir en prendre (corps plus musclé). Pour les chercheurs, ces différences sont le reflet des injonctions sociales spécifiques à chaque sexe.
Quels liens avec les habitudes alimentaires ?
Les chercheurs ont ensuite mis en relation la perception et la satisfaction vis-à-vis de l’image corporelle avec la qualité des habitudes alimentaires. Les jeunes ayant une perception juste de leur image corporelle ou satisfaits de celle-ci présentaient généralement de meilleures habitudes alimentaires.
En revanche, les habitudes alimentaires des jeunes méjugeant leur image ou insatisfaits de celle-ci étaient hétérogènes selon les études. Par exemple, chez les adolescents surestimant leur poids, on observait des consommations accrues de fruits et légumes et moins de sodas et fast-foods dans certaines études, mais davantage de pratiques restrictives et de repas sautés dans d’autres. Les jeunes pensant qu’ils ont des kilos en trop pourraient ainsi déployer différentes stratégies pour perdre du poids, tantôt saines, tantôt non.
Quoiqu’il en soit des liens avec l’image corporelle, les auteurs soulignent que les habitudes des adolescents rapportées dans les différentes études se révélaient plutôt défavorables, moins de la moitié d’entre eux déclarant consommer des légumes au moins une fois par jour et près des deux tiers consommant des fast-foods toutes les semaines.
Des programmes éducatifs axés sur l’image corporelle
Dans ce contexte, compte tenu de la fréquence des perceptions erronées et des insatisfactions liées à l’image corporelle chez les adolescents, et des comportements (alimentaires ou d’activité physique) à risque que cela est susceptible d’engendrer, des interventions auprès de ce public sont jugées nécessaires par les auteurs. En particulier, ils envisagent des programmes éducatifs combattant les stéréotypes sociaux sur l’image idéale du corps, déconstruisant les mythes autour de certaines pratiques alimentaires ou sportives extrêmes et orientant les jeunes vers des comportements sains et des attitudes positives vis-à-vis de soi.