Octobre 2023
Familiariser les enfants avec les légumes semble aujourd’hui une évidence pour favoriser leur acceptation. Mais comment procéder sans avoir à convaincre ou forcer l’enfant à goûter le légume ? Une étude britannique a testé auprès de jeunes enfants une approche multisensorielle s’affranchissant du goût.
Impliquer l’odorat, le toucher et la vue
Les chercheurs sont partis des résultats de précédentes études montrant que l’exposition sensorielle répétée aux légumes pendant plusieurs jours, mais sans utiliser le goût, augmente la volonté des jeunes enfants de toucher et de goûter les légumes. Restait à savoir si le nombre de sens mobilisés avait un effet cumulatif sur l’acceptation des légumes et si une seule séance d’exposition avait des effets immédiats. Pour cela, les chercheurs ont procédé à une intervention multisensorielle (faisant intervenir l’odorat, le toucher, et la vision, mais pas le goût) organisée sur une seule journée.
Pour cela, 110 enfants âgés de 3 à 4 ans ont été répartis de façon aléatoire (étude randomisée) en trois groupes d'intervention (1,2,3) et en un groupe témoin. Chaque enfant participait à une séance d'une activité individuelle, ludique et interactive (jeu d’association odeur/toucher/image) réalisée avec un animateur. Selon le groupe, cette activité consistait en :
- (1) une exposition visuelle,
- (2) une exposition olfactive (en aveugle) puis visuelle,
- ou (3) une exposition olfactive puis tactile (en aveugle) puis visuelle,
à six légumes crus (brocoli, fenouil, poireau, panais, radis et navet jaune) puis préparés (épluchés et cuits vapeur ou réfrigérés). Le groupe témoin était exposé à des jouets, en respectant les mêmes conditions de test. Après les activités d'exposition, les chercheurs ont mesuré chez tous les enfants leur volonté de goûter les légumes préparés (mise en contact avec les lèvres et la langue) ainsi que les quantités consommées.
La mise en éveil de plusieurs sens favorise l’acceptation
Les enfants qui ont uniquement participé à l’activité d’exposition visuelle aux légumes (groupe 1) n’ont pas montré de meilleure acceptation des légumes (définie par la volonté de goûter et la consommation du légume) que ceux du groupe témoin. La brièveté de l’exposition (une seule fois, un seul jour) pourrait expliquer, selon les chercheurs, cette absence d’effet.
En revanche, ceux qui ont participé à des activités impliquant l’odorat et la vue (groupe 2) ou l’odorat, le toucher et la vue (groupe 3) ont montré des niveaux supérieurs d’acceptation, c’est-à-dire une volonté de goûter plus élevée et des quantités consommées plus importantes (Cf. figure).
Des lettres différentes au-dessus des barres indiquent une différence significative entre les conditions de test (C = Contrôle, V = Visuelle uniquement, SV = Olfactive visuelle, STV = Olfactive tactile visuelle).
Figure : Volonté de goûter (figure de gauche) et quantité consommée (figure de droite) selon les expositions
Un effet cumulatif avec le nombre de sens engagés
Les résultats suggèrent que les expositions multisensorielles sont efficaces pour augmenter la consommation de légumes chez les jeunes enfants. Les chercheurs émettent trois hypothèses pour l’expliquer : (1) Recueillir des informations sur l’odeur et la texture d’un aliment ainsi que sur son aspect visuel pourrait induire une évaluation plus positive de celui-ci ; (2) L’interconnexion entre les différentes perceptions sensorielles pourrait faciliter la construction d’une représentation de l’aliment ; (3) Plus que le nombre de sens engagés, c’est la durée totale cumulée d’exposition sensorielle nécessaire aux différents tests qui pourrait avoir des effets positifs. Ces hypothèses ne s’excluant pas mutuellement.
Liens d’intérêt : RAS.
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