De récentes recherches en psychologie sociale et cognitive semblent montrer que les consommateurs font de nombreux choix alimentaires de manière inconsciente, notamment sous l’influence de stimuli externes.
Ainsi, l’objectif de cette étude menée par une équipe de Dijon était d’étudier l’impact potentiel sur les choix alimentaires de deux stimuli extérieurs : olfactif ou auditif (message nutritionnel), seuls ou combinés.
Cent quarante-sept participants ont été invités à attendre dans une salle pendant 15 minutes, où ils étaient exposés à l’une des 4 conditions suivantes :
- Condition contrôle
- Condition olfactive : une odeur de pain au chocolat était diffusée dans la pièce
- Condition auditive : le message nutritionnel « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé» était diffusé par radio dans la salle.
- Condition auditive et olfactive, combinant les 2 précédentes.
Des stimuli aux effets parfois inattendus
Les participants ont ensuite été conduits dans une salle test (non-odorisée) où ils pouvaient choisir leur déjeuner (entrée, plat, dessert) parmi différentes propositions présentées en un buffet. Pour l’entrée et le dessert, les participants avaient le choix entre une option de faible ou de haute densité énergétique (carottes râpées vs. assiette de charcuterie, et compote de pommes vs. gaufre).
Les résultats ne montrent pas de différences pour le choix de l’entrée. En revanche, les participants soumis à l’odeur de pain au chocolat, tout comme ceux ayant entendu le message nutritionnel dans la salle d’attente, ont eu tendance à choisir plus de desserts à haute densité énergétique que le groupe contrôle (P = 0,06 et P = 0,03 respectivement).
Les participants soumis aux deux stimuli combinés ont également consommé plus de gaufres que le groupe contrôle (P = 0,01), avec un effet cumulatif des deux conditions.
Un résultat contre-intuitif pour le message nutritionnel
Les auteurs avaient émis l’hypothèse qu’une odeur alléchante influencerait les participants à choisir le dessert à haute teneur en énergie : ce qui se vérifie dans l’expérience. Ils avaient aussi supposé que l’exposition au message nutritionnel auditif orienterait les participants vers les choix les moins denses en énergie.
Or, l’expérimentation montre un effet inverse sur la consommation de dessert. Ces résultats posent la question de l’efficacité des messages de santé publique diffusés à la radio. L’impact des campagnes de prévention est parfois difficile à prévoir et la science cognitive peut permettre de mieux comprendre la réaction des individus.