Septembre 2022
L’anorexie est fréquente chez les personnes âgées. Elle toucherait 27 % des plus de 65 ans (population européenne de plus de 65 ans, données 2017), voire 41 % des patients en soins intensifs (population anglaise de plus de 70 ans). Jusque-là peu explorée, l’implication du microbiote intestinal semble se confirmer au regard d’une étude portant sur 102 personnes issues de la cohorte britannique de jumeaux TwinsUK, âgées de 65 ans et plus et souffrant d’une perte d’appétit, appariées à 102 témoins « similaires » sur des variables connues pour être liées au microbiote (IMC, sexe, âge, régime alimentaire, fragilité, antibiotiques, CSP, etc.).
Les résultats montrent qu'il existe des différences marquées dans la composition du microbiote entre les personnes souffrant d’anorexie et les témoins avec un bon appétit. Les personnes ayant un faible appétit présentaient une moindre richesse et une moindre diversité des espèces peuplant leur microbiote intestinal, et une réduction du genre bactérien Lachnospira, une bactérie associée à des améliorations de la force musculaire et à la production de petits acides gras bénéfiques comme le butyrate. Une réduction de la force musculaire était par ailleurs observée chez les personnes ayant un faible appétit, par rapport à celles ayant un bon appétit.
Les différences observées de microbiote selon l'appétit, malgré l’appariement sur l'état de santé et le régime alimentaire, sont en faveur d’une relation potentiellement causale (bien qu’elle reste à démontrer), à laquelle pourrait se superposer un cercle vicieux : une perte d'appétit entraînant une altération du microbiote intestinal, entraînant une interaction microbiote-hôte perturbée, entraînant une perte d'appétit, etc. (Figure). D’autres travaux restent néanmoins nécessaires pour mieux comprendre les liens de causalité en jeu, avant d’envisager d’éventuelles stratégies d'intervention susceptibles de cibler le microbiote intestinal afin de gérer l'anorexie du vieillissement.
Figure : Relation cyclique potentielle entre la perte d'appétit et le microbiote intestinal au cours de la détérioration progressive de l’état de santé.
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