ARFID : un trouble alimentaire encore méconnu

ARFID : un trouble alimentaire encore méconnu

Février 2023

Depuis 2013, le trouble d’évitement ou de restriction alimentaire (ARFID, en anglais pour Avoidant/Restrictive Food Intake Disorder) a été reconnu comme une condition spécifique à part entière par le DSM-5 [1]. Dix ans après, une revue britannique fait le point sur les études qui ont cherché à décrire la prévalence de ce trouble dans les populations d’enfants et d’adolescents du monde entier. Mais avant de plonger dans la description des données, la revue prend le temps de s’arrêter sur la définition exacte de l’ARFID et de préciser ce qui le distingue des comportements alimentaires fréquemment observés dans la petite enfance.  

Un trouble persistant aux conséquences cliniques… 

Répertoire alimentaire restreint, néophobie, petit appétit… les difficultés autour de l’alimentation des jeunes enfants ne manquent pas. Mais ces comportements communs, qui se résolvent en général avec les années qui passent, doivent être distingués de l’ARFID, qui se traduit par des conséquences cliniques. L’ARFID est en effet défini comme un trouble persistant de l’alimentation conduisant à l’impossibilité de couvrir ses besoins nutritionnels et/ou énergétiques et qui donne lieu à au moins une des conséquences cliniques suivantes : une perte de poids ou une prise de poids insuffisante ; des carences nutritionnelles ; la mise en place d’une alimentation entérale ou le recours à des compléments nutritionnels ; l’apparition d’interférences avec le fonctionnement psychosocial. D’après le DSM-5, les comportements restrictifs observés dans l’ARFID relèveraient de trois types de causes : une sensibilité élevée aux propriétés sensorielles des aliments (texture, couleur, température…) ; un manque d’intérêt pour l’alimentation ; une anxiété liée à la nourriture, incluant la peur d’effets négatifs tels que des vomissements ou un étouffement. À noter, contrairement à l’anorexie, l’ARFID n’est pas associé à des préoccupations liées au poids ou à l’image corporelle. 

… qui se distingue des autres troubles alimentaires  

Les enfants diagnostiqués avec un ARFID se distinguent aussi de ceux souffrant d’anorexie ou de boulimie par leur profil : ils sont généralement plus jeunes au moment de leur prise en charge (11 à 15 ans en moyenne versus 14 à 16 ans pour l’anorexie et 15-17 ans pour la boulimie), et davantage de garçons sont touchés. L’errance diagnostique est également plus longue, compte tenu de la méconnaissance encore forte de ce trouble chez les professionnels de santé. Les enfants et adolescents souffrant d’ARFID présentent fréquemment des troubles associés, en particulier des troubles anxieux, mais aussi certains troubles du neuro-développement comme les troubles du spectre de l’autisme.  

Une fréquence incertaine et variable selon les études  

Depuis l’inscription de ce trouble au DSM-5 en 2013, une trentaine d’études a cherché à estimer le taux de présence de l’ARFID dans différentes populations pédiatriques (Figure). La plupart de ces études (n=21) ont été réalisées auprès d’enfants ou d’adolescents pris en charge dans différentes structures de soins. Selon les études, 5 à 22,5 % des enfants suivis dans un service prenant en charge des troubles du comportement alimentaire sont diagnostiqués avec un ARFID. Ces chiffres sont un peu plus faibles dans les services de soins pédiatriques généraux (3 à 7 %) et de gastroentérologie pédiatrique (1,5 à 8 %). En population générale, hors contexte clinique, où 6 études ont été recensées, 0,3 à 15,5 % des enfants et adolescents seraient concernés. Les écarts de prévalence observés entre études pourraient tenir à la diversité de populations considérées mais aussi à la diversité des outils de diagnostic.  

Les chercheurs appellent des études supplémentaires, utilisant des méthodologies de surveillance harmonisées, pour mieux estimer la fréquence réelle de ce trouble et déployer des moyens cliniques adaptés en conséquence. 

Figure : Prévalence de l’ARFID dans différentes études 

 

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[1] Le DSM-5 est la dernière édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux et des troubles psychiatriques. Publié par l'Association américaine de psychiatrie, il s’agit d’un document de référence au niveau mondial pour la description, la classification et les critères de diagnostic des troubles mentaux. 

A retenir

  • Le trouble d’évitement ou de restriction alimentaire (ARFID), reconnu depuis 2013 par le DSM-5, est défini comme un trouble alimentaire persistant conduisant à l’impossibilité de couvrir ses besoins nutritionnels et/ou énergétiques.  
  • Ses causes sont distinctes de celles de TCA comme l’anorexie et la boulimie, et les profils de patients sont également différents. 
  • Il est encore peu connu des professionnels de santé et des études sont encore nécessaires pour préciser sa fréquence dans les populations pédiatriques.   

Sources

  • What do we know about the epidemiology of avoidant/restrictive food intake disorder in children and adolescents? A systematic review of the literature. Sanchez-Cerezo J, Nagularaj L, Gledhill J, Nicholls D. Eur Eat Disord Rev. 2023 Mar;31(2):226-246.  
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