Avril 2022
Si le développement durable est devenu un mot d'ordre "à la mode" dans l'industrie, les efforts engagés par les sucreries montrent que celles-ci ont, depuis de nombreuses années, pris conscience de la nécessité de traduire cette volonté en actions concrètes.
Le premier site de l’industrie agroalimentaire à bénéficier, en France, de la certification ISO 14001, relative au management environnemental, était une sucrerie. Aboutissement d’une démarche volontariste, l’accès à une telle certification souligne que la filière betterave-sucre s’est de longue date engagée dans la préservation de l’environnement. Depuis des dizaines d’années, d’un bout à l’autre de la chaîne de production du sucre, agriculteurs et industriels investissent pour limiter l’impact environnemental des activités de la filière.
Une agriculture raisonnée...
Les méthodes culturales mises en œuvre ont permis de maîtriser et de réduire considérablement les besoins d'apports azotés ainsi que l'utilisation des produits phytosanitaires ou d'irrigation. La généralisation des techniques d'agriculture dite "raisonnée", qui caractérise la culture betteravière en France, apporte ainsi au consommateur et au citoyen de réelles garanties quant à l'impact des pratiques culturales sur la qualité des produits et sur le respect de l'environnement.
...et durable
La culture betteravière s’inscrit naturellement dans la démarche du développement durable et cela pour plusieurs raisons :
- Cette plante fait partie d’une succession de cultures qui varient d’une année sur l’autre. L’intérêt de cette rotation ? Elle contribue à rompre le cycle des ravageurs, maladies et mauvaises herbes et favorise la disparition des ennemis des cultures en général. On dit que "le sol conserve le souvenir de la betterave".
- Grâce à son système racinaire très profond, la betterave fonctionne comme un "piège" à azote, qu'elle capte jusqu'à 15 mètres, diminuant ainsi les fuites de nitrate.
- La betterave dispose également d'une forte capacité à fixer le gaz carbonique et, en été, elle est la seule plante qui reste dans les champs pour assurer cette fonction.
- Autre élément favorable à la conservation du milieu naturel : le large couvert de feuilles généré par cette culture participe à préserver la diversité de la faune. Un nombre important d’insectes y trouvent là le gîte et le couvert. Pour les vertébrés, la betterave constitue un atout à l’automne au moment où les autres cultures, excepté le maïs, ont déjà été récoltées.
- Enfin, elle offre un apport important de matières organiques au sol (sur un hectare planté, 50 tonnes de feuilles sont réintégrées dans le terrain)
Pour la filière betterave-sucre
La consommation énergétique à la tonne de betterave a été presque divisée par deux en quarante ans. Extraire le sucre – un produit sec – à partir d’un végétal humide (la betterave contient 85 % d’eau) est un processus par nature relativement "énergivore", car il nécessite une importante production de chaleur pour la phase d’évaporation au terme de laquelle on recueille les cristaux de sucre. D’où la nécessité pour les industriels de se mobiliser fortement afin de parvenir à des économies substantielles.
Une ingénierie au service de l'énergie
Un important groupe industriel français a mis en place un nouveau processus pour réduire sa consommation d’énergie. En effet, il fallait en moyenne 17,3 kg d’équivalent fioul pour traiter une tonne de betterave et la meilleure sucrerie en mobilisait seulement 15 kg alors qu’une autre en utilisait 18,4 kg. Après des investissements conséquents, cette dernière se situe aujourd’hui à 15,7 kg et sera à court terme sous la barre des 15 kg. Et sa consommation de gaz naturel a chuté de 13 %...
La méthode ? Utiliser les eaux chaudes, issues de l’évaporation en fin de processus, pour les réinjecter en début de cycle, ce qui évite de produire de l’énergie pour réchauffer les betteraves qui entrent dans le processus. Parallèlement, les jus sucrés, gorgés à 85 % d’eau, sont portés plusieurs fois à ébullition pour évaporer l’eau. La vapeur obtenue est récupérée pour réchauffer à nouveau le jus qui va, de fait, mobiliser moins d’énergie pour sa phase de concentration.
Réduire et valoriser les rejets, optimiser les transports
Les émissions de CO2 des sucreries, corrélées à la consommation d’énergie, ont été réduites en proportion sur la même période. Le recours au gaz plutôt qu’au fioul ou au charbon a contribué à améliorer le bilan carbone, de même que l’utilisation de chaudières à condensation qui brûlent les condensats plutôt que de les rejeter dans l’atmosphère. Par ailleurs, toutes les sucreries fabriquent leur propre électricité grâce à un ou plusieurs turboalternateurs alimentés par la vapeur issue du process.
L'eau, une ressource précieuse
L’importante quantité d’eau contenue dans la betterave (85 %) fait qu’une sucrerie est globalement excédentaire en eau. Celle-ci est recyclée en étant de plus en plus utilisée dans différentes étapes du process (lavage, diffusion…). Les sucreries limitent ainsi leurs prélèvements d’eau au strict minimum.
Là encore, les chiffres sont éloquents : une sucrerie a réussi, en l’espace de cinq ans, à diviser par dix sa consommation d’eau neuve. Les eaux résiduaires excédentaires sont traitées, stockées et décantées. Elles peuvent être utilisées en irrigation par épandage sur les terres agricoles. De même, les terres récupérées après lavage des betteraves retournent sur le terrain, contribuant ainsi à la préservation des sols cultivés.
Réduire le trafic routier
Enfin, de nouveaux camions, dotés d’une forte capacité, ont permis de réduire de 15 % le trafic routier lié aux approvisionnements, et l’apparition d’une nouvelle génération de machines agricoles, les « déterreurs », permet de pré-nettoyer les betteraves sur place, réduisant sensiblement la tare-terre et, par conséquent, le volume total transporté.
Autant d’initiatives qui, mises bout à bout, permettent d’abaisser de manière significative l’empreinte écologique du processus qui mène le sucre du cœur de la plante à la table des consommateurs.