Avril 2023
Maire du Touquet-Paris-Plage, conseiller régional et président du Comité Tourisme des Hauts-de-France, Daniel Fasquelle participe au pilotage de l’événement « Hauts-de-France, Région européenne de la gastronomie 2023 ». Il livre son regard sur les perspectives de cette dynamique et sur les acteurs qui s’y associent.
Cette année de « Région européenne de la gastronomie » a une saveur particulière... Quels en sont les enjeux ?
C’est une fierté pour les habitants des Hauts-de-France ainsi qu’une opportunité pour affirmer l’identité de cette région récente (sur le plan administratif) et pour promouvoir son attractivité. Tout d’abord en tant que destination touristique, sachant que la gastronomie est un critère de choix et de fidélisation parmi les plus importants pour les visiteurs. S’il est vrai que les Hauts-de-France ont un déficit de notoriété dans ce domaine, cet événement offre l’occasion de démontrer que la région est un grand territoire du goût, avec des produits issus de la terre, de la mer et des filières agroalimentaires locales. Par ailleurs, l’attractivité de la région est un enjeu pour le recrutement, car nous avons besoin d’attirer des talents pour nos activités, et notamment des cadres. Enfin, l’exposition publique et médiatique de cet événement est une opportunité pour mieux faire connaître nos métiers, pour montrer tout ce que l’on sait faire en termes d’accueil et de gastronomie… mais aussi dans tous nos secteurs économiques.
Que signifie pour vous l’idée de « révéler l’identité culinaire » ?
Qui sait que les Hauts-de-France sont la première région de France en termes de diversité de fromages ? De même, lorsque nous avons cherché à établir le portrait identitaire gastronomique de la région, nous avons mené auprès des habitants des enquêtes qui ont fait remonter une incroyable variété de recettes locales et familiales peu connues mais qui méritent d’être partagées. Certes, nos grandes filières telles que la brasserie, la production d’endives et de pommes de terre et la filière betterave-sucre sont bien identifiées, mais peu de gens font véritablement le lien avec le patrimoine gastronomique. Par exemple, la région est réputée pour ses confiseries : elle est le berceau historique de grandes marques comme le carambar et de spécialités comme les Bêtises de Cambrai ou les Berlingots berckois, sans oublier les fameuses gaufres et autres pâtisseries locales comme la tarte au sucre… Malheureusement, derrière le produit, on ne voit pas forcément la filière et les savoir-faire. C’est pourquoi, nous avons souhaité faire de cette année européenne de la gastronomie un support pour « révéler l’identité culinaire des Hauts-de-France », dans toutes ses dimensions et à travers tous ses acteurs.
Les Hauts-de-France sont la première région de production betteravière et sucrière du pays. Au-delà de son rôle dans la gastronomie sucrée, quels liens cette filière a-t-elle tissé avec les territoires ?
Étant issu du monde agricole, j’ai souvent aidé à la récolte des betteraves et je sais à quel point la campagne sucrière est un repère pour les habitants proches des sites de production. Lorsque la sucrerie se met en route c’est un événement, et ses activités rythment la vie pendant plusieurs mois. Dans le cadre de mes mandats de député [1] puis de conseiller régional, j’ai toujours porté une grande attention à ce secteur qui est un atout pour les territoires. Par exemple, la sucrerie d’Attin située à quelques kilomètres du Touquet-Paris-Plage, assure un débouché à 800 agriculteurs qui cultivent des betteraves sucrières et maintient des emplois industriels. C’est à la fois un patrimoine et un écosystème qui fait vivre de multiples activités : machinisme agricole, transports, maintenance, commerces, services…
La finale nationale du Championnat de France du Dessert, qui s’est déroulée les 4 et 5 avril à Lille, a bénéficié du label « Région européenne de la gastronomie ». Sur quels critères cette distinction a-t-elle été accordée ?
La programmation officielle est constituée d’initiatives et événements impliquant un grand nombre d’acteurs : lycées hôteliers et agricoles, chambres d’agriculture et de commerce, professionnels de l’hôtellerie-restauration et du tourisme, agriculteurs, artisans, industriels… Le Championnat de France du Dessert y trouve toute sa place car il valorise la filière sucre des Hauts-de-France. C’est aussi un beau moyen de valoriser les savoir-faire, les métiers et les filières de formation et d’apprentissage qui est une des toutes premières compétences de la Région.
Le Lycée hôtelier du Touquet a accueilli plusieurs finales du Championnat de France du Dessert, et trois de ses élèves ont remporté le titre au cours des dernières années. Cet engagement en faveur de la pâtisserie contribue-t-il à la réputation de l’établissement ?
L’établissement, qui fête cette année ses cinquante ans, est effectivement reconnu et très présent dans la vie régionale. Pour son anniversaire, il a organisé un événement réunissant tous les lycées hôteliers de France : le Congrès de l'AFLYHT [2]. Par ailleurs, le lycée participe au salon Omnivore Nord dont la prochaine édition aura lieu en septembre prochain. Enfin, la « Mention complémentaire de cuisinier en desserts de restaurant », qui y est dispensée, contribue à l’excellence des enseignements. La France règne sur le dessert mondial : en cuisine, nous avons de sérieux rivaux comme l’Italie, l'Espagne, les pays Scandinaves ou le Japon, mais nous restons les leaders incontestés dans le domaine du sucré. Maintenir une telle avance implique un haut niveau d’exigence. Et pour y contribuer, la région Hauts-de-France bénéficie de deux atouts : ses Lycées hôteliers et sa production de sucre…
[1] Daniel Fasquelle a exercé trois mandats successifs de député du Pas-de-Calais, de juin 2007 à août 2020.
[2] Association Française des Lycées d’Hôtellerie et de Tourisme