Interview de Ghislain Malatesta

Directeur département Expérimentation et Expertises Régionales à l’Institut Technique de la Betterave

Interview de Ghislain Malatesta

18 novembre 2022

Comment s’est passée la période de la culture betteravière cette année, marquée par la sècheresse, notamment ?

Cette année a été effectivement marquée par un printemps sec, ce qui a permis à nos betteraves de « piquer », c’est-à-dire de « prendre en racine » et pivoter relativement bas dans la terre, afin de capter l’humidité en permanence.

De ce fait, cet été, à l'exception de quelques parcelles, nos betteraves sont restées avec un petit bouquet foliaire, malgré de fortes températures, très séchantes, et des régions, comme le Gâtinais par exemple. Cela signifie que, dès qu'il a plu, elles se sont remises à pousser.

En revanche, quand il pleut, les betteraves se réhydratent et le sucre se dilue dans les cellules. La richesse en sucre baisse alors, parfois jusqu'à deux points : concrètement, nous sommes passés de 19-20% à 17-18% au début des réceptions. Par la suite, la racine va compenser cette perte de teneur en sucre par du poids. Mais il faut laisser le temps à la betterave de remobiliser ses réserves, de refaire des feuilles et de refaire du poids. Il y a donc un laps de temps plus ou moins long, entre le moment où il pleut et la reprise de poids, très différent en fonction des années et des conditions climatiques.

Peut-on déjà savoir si les rendements sont bons cette année ?

Sur le 1er mois de campagne en octobre, nous étions dans la période de « repousse », où nous n’avions pas encore gagné en poids ce que nous avions perdu en richesse, nous étions plutôt en stagnation.

Si au cours de l’automne, on connait encore des journées chaudes, à 20°C, ça peut vite se compenser. En revanche, si on est proches des gelées le matin, avec 2 ou 3°C, ou s’il fait gris sans ensoleillement, les betteraves ne pousseront plus beaucoup.

Depuis la fin du mois d’octobre, avec les températures élevées, on a constaté une reprise des rendements.

Ce printemps sec a-t-il eu d’autres conséquences sur les betteraves ?

Absolument. S’il a servi à faire « piquer » nos betteraves, il a perturbé le désherbage. Dans 25% des champs, on constate la présence de chénopodes, de renouée de liseron ou de renouée des oiseaux. En premier lieu, ces mauvaises herbes ont pompé l'eau des sols aux détriments des betteraves. Une partie de ces mauvaises herbes seront en graines avant l'arrachage et vont donc augmenter le stock semencier. Ces mauvaises herbes perturbent fortement l'arrachage des betteraves au niveau des machines mais également à l'usine, puisqu’elles doivent être enlever avant. Les renouées entrent dans les roulements des arracheuses, il faut les couper de temps en temps afin d’éviter qu’elles ralentissent l’arrachage. Cela perturbe également les lavoirs, entrainant des cadences d’usine beaucoup plus faibles que d’habitude.

Ces dernières ne sont pas équipées pour enlever autant d'herbes que cette année, une situation que l’on n’avait jamais connue.

Que donnent les premiers arrachages et comment cela se passe-t-il ?

Lors des premiers arrachages, la terre était très sèche, elle ne tenait pas à la betterave donc les machines arrachaient bien ! En raison de la sécheresse, on pensait que la terre serait du béton, rendant l’arrachage difficile, or à ce niveau- là, tout se passe plutôt bien. Le retour des pluies a assoupli la terre, donc c’est encore mieux pour un arrachage complet.

Malheureusement, les mauvaises herbes ont pompé l'eau des betteraves, capté la lumière à leur place, affectant les rendements, qui vont aujourd’hui de 25 tonnes à 90 tonnes par parcelle, avec une moyenne de 65 tonnes, début octobre.

Pour l’heure, il est vrai que les agriculteurs comme les industriels sont relativement déçus du rendement moyen qui se profile.

Existe-t-il des variations selon les régions ou terroirs ?

Oui, il y a des variations, notamment dans le sud de Paris, dans le Centre-Val de Loire, là où les betteraves ont été irriguées et ont reçu entre 150 et 200 mm d'eau. Dans ces zones, les rendements sont nettement supérieurs (85 tonnes) soit 20 tonnes de plus que la moyenne des arrachages des autres secteurs, et ce grâce à l'irrigation.

Toutes les autres zones de Normandie, de Picardie, des Hauts-de-France ou de Champagne, ont le même rendement, car elles n’ont pas reçu d'eau cet été.

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