La filière betterave-sucre-éthanol à la rencontre des citoyens

Salon International de l’Agriculture

Salon International de l’Agriculture La filière betterave-sucre-éthanol à la rencontre des citoyens

Février 2024

À l’occasion du 60e Salon International de l’Agriculture, des représentants de la filière betterave-sucre-éthanol française présentent un état des lieux du secteur autour de thèmes d’actualité interrogeant le citoyen et le consommateur qui veillent en chaque visiteur.

Les demandes du monde agricole sont au centre de l’actualité. Qu’en est-il pour les planteurs de betteraves ?

Nicolas Rialland, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB). Comme l’ensemble du monde agricole, les producteurs de betteraves sucrières sont totalement mobilisés dans le mouvement auquel nous assistons depuis plusieurs semaines et qui témoigne du mécontentement vis-à-vis de l’empilement de normes, de la surtransposition par la France de règles européennes et des distorsions de concurrence, au sein de l’Union européenne comme avec les pays tiers. Nous attendons des mesures de simplification et un cadre garantissant la loyauté de concurrence.

Comment se traduisent les distorsions de concurrence agricole au niveau européen ?

Nicolas Rialland (CGB). Les normes déconnectées de toute réalité économique et environnementale ont pour conséquence l’importation massive et croissante de denrées agricoles aux standards de production bien en-dessous de nos exigences règlementaires. Déjà, au sein de l’Union Européenne, nos voisins disposent de plus de molécules autorisées pour lutter contre les pucerons responsables des jaunisses de la betterave que les agriculteurs français... Passons à l’échelle du continent européen : les betteraviers ukrainiens ont à leur disposition vingt-neuf molécules de traitement des plantes interdites dans l’UE. Cela fausse la concurrence et déstabilise le marché du sucre européen. Bien sûr, nous sommes solidaires avec l’Ukraine mais on ne peut faire peser de tels efforts sur les acteurs agricoles et industriels de la filière betterave-sucre.

Christian Spiegeleer, président et directeur général du Syndicat national des fabricants de sucre (SNFS). En effet, la libéralisation temporaire des importations agricoles en provenance d’Ukraine a permis à ces importations de passer de 20 000 tonnes de sucre annuelles à 410 000 tonnes en 2023. Le potentiel d’exportation ukrainien augmente d’année en année et a dépassé les 600.000 t en 2024. Nous avons donc contribué à rechercher, au niveau européen, une solution qui permette d’assurer la solidarité économique européenne vis-à-vis de l’Ukraine tout en préservant les marchés. Ces nouvelles mesures de sauvegarde devraient être appliquées à partir du mois de juin 2024. L’Union européenne est un marché déjà ouvert aux importations de sucre sans droits de douane – et, dans certains cas, sans limite de quantité – en provenance du reste du monde : 17% de la consommation européenne est importée, notamment depuis les pays en voie de développement. Des négociations sont en outre menées par l’UE pour augmenter et diversifier encore ces flux (Mercosur, Australie, Inde, Thaïlande...). Le sucre importé est, la plupart du temps, produit dans des conditions environnementales et sociales inférieures aux normes européennes et fait naître une situation de concurrence inéquitable. Or, ces différences de conditions de production ne sont compensées par aucun mécanisme, si bien qu’on importe des pays tiers ce qu’on interdit en Europe. Nous appelons depuis longtemps à une prise en compte de ces différences et à l’égalisation des conditions de concurrence.

La « décarbonation » est un pilier de la transition écologique. Comment la filière y contribue-t-elle ?

Christian Spiegeleer (SNFS). Les sucreries et distilleries de betterave représentent aujourd’hui 3 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de l’industrie française. Outre les efforts d’optimisation énergétique réalisés au niveau de chaque unité, les fabricants de sucre français, en collaboration avec l’ADEME, ont présenté en 2023 un Plan de Transition Sectoriel qui démontre la possibilité de réduire de plus de 80 % les émissions de GES en 2050 par rapport à 2015, notamment grâce à la substitution du gaz fossile, utilisé en énergie primaire, par de l’énergie produite par notre propre biomasse issue de la betterave. L’envergure et la complexité de cette mutation nécessitent cependant un certain temps d’adaptation et surtout des plans d’investissements très conséquents, qui requièrent d’être soutenus par les pouvoirs publics pour tenir le rythme de calendrier imposé par le législateur.

Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA). Il est désormais prouvé que le bioéthanol produit en France et en Europe divise par trois les émissions de gaz à effet de serre par rapport à l’essence fossile si l’on prend en compte la totalité du cycle de vie, du champ de betteraves à la sortie du pot d’échappement. Au niveau individuel, lorsqu’un automobiliste utilise du Superéthanol-E85 (qui contient jusqu’à 85 % de bioéthanol), il réduit de 50 % ses émissions de CO2 par rapport à l’utilisation d’une essence conventionnelle.[1] Sans oublier les 39 % d’économies réalisées à chaque fois qu’il fait le plein ![2] L’éthanol est donc une voie complémentaire à l’électrique, et la motorisation « hybride rechargeable + flex-E85 » constitue une solution d’avenir, d’ores et déjà disponible, pour la décarbonation. D’autant plus qu’il sera possible, à terme, de remplacer la part d’essence fossile de l’E85 par des essences de synthèse ou d’autres biocarburants qui feront du Superéthanol-E85 un carburant 100 % renouvelable, potentiellement neutre en CO2.

Nicolas Rialland (CGB). La décarbonation est également en marche dans le monde agricole. Les planteurs de betteraves se sont fixés pour objectif de réduire de 35 % les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030 en agissant sur différents leviers : développement des cultures intermédiaires qui fixent le carbone, utilisation d’intrants moins émissifs, intégration de biocarburants dans le gazole non routier, électrification des engins agricoles... Mais là aussi, toutes ces transitions impliquent des investissements à la hauteur des enjeux.

À l’heure de la quête d’autonomie de notre pays, la filière est-elle un atout de souveraineté ?

Philippe Reiser, directeur général de Cultures Sucre. La filière betterave-sucre-éthanol représente 23 700 planteurs de betteraves, 20 sucreries et, en incluant la filière alcool de céréales, 12 distilleries. Ces sites industriels sont implantés au cœur des territoires de production agricole, et la filière génère 60 000 emplois pour l’activité betterave-sucre et 6 000 emplois pour la production d’éthanol. Ces acteurs font de la France le leader européen de la production de sucre et d’éthanol, qui sont des ressources stratégiques. Grâce à cette filière et à ses débouchés, il est clair que notre pays bénéficie d’un atout de souveraineté à la fois alimentaire (sucre, pulpes pour l’élevage), énergétique (bioéthanol) et sanitaire (gels hydroalcooliques).

Sylvain Demoures (SNPAA). La notion de souveraineté est indissociable des synergies entre production d’énergie et d’alimentation qui sont une caractéristique majeure de la filière. La betterave fournit du sucre pour l’alimentation humaine et des pulpes pour l’alimentation animale. Une partie du sucre de la betterave et les résidus sucriers servent à produire de l’éthanol. Les distilleries fournissent le bioéthanol qui entre dans la composition des carburants de type essences ainsi que des alcools de qualité pour différentes industries : spiritueux, parfums, cosmétiques, gels hydroalcooliques... Une tonne de betteraves sucrières délivre 160 kg de sucre ou 100 litres d’éthanol auxquels s’ajoutent 50 kg de pulpes sèches pour animaux, des mélasses destinées à la fermentation (alcool, levures), des écumes utilisées pour la fertilisation des sols et 790 litres d’eau récupérés pour irriguer les cultures. De plus, le procédé de fabrication du bioéthanol génère du gaz carbonique biosourcé (CO2) utilisé dans les boissons gazeuses. Toutes ces productions se renforcent les unes avec les autres et constituent un levier efficace de développement économique et de décarbonation.

Quel regard les Français portent-ils aujourd’hui sur le sucre ?
Philippe Reiser (Cultures Sucre). « Nos compatriotes sont avant tout très concernés par la dimension « made in France ». Une enquête réalisée en 2022 par l’Institut CSA révèle que c’est un critère clé d’acte d’achat du sucre. Pour huit Français sur dix, acheter du sucre produit en France est important, voire très important, notamment pour soutenir les agriculteurs et maintenir des emplois en régions. De plus, une autre étude récente montre que les Français manifestent un très fort attachement au dessert : ils sont 82 % à aimer finir le repas sur une touche sucrée et 86 % à confectionner des pâtisseries à domicile.
Bien que des idées fausses sur le sucre continuent à circuler, notamment sur la prétendue augmentation de la consommation de sucre (qui est en réalité stable depuis plus de vingt ans), les deux tiers des Français considèrent que le sucre a toute sa place dans une alimentation équilibrée et qu’il constitue un produit de première nécessité. Cette marque de bon sens rejoint les positions des acteurs de la filière betterave-sucre qui s’engagent clairement pour une consommation raisonnée de sucre, sans excès ni privation. Quoi de plus légitime alors que 95 % des Français y trouvent une source de plaisir et 82 % une source de réconfort ?
»

Retrouvez les représentants de la filière betterave-sucre-éthanol au Salon International de l’Agriculture, Hall 2.2-Allée D, du 24 février au 3 mars 2024, Paris, Porte de Versailles.

Sources

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