Plaisir viscéral et plaisir épicurien : quels effets sur la prise alimentaire ?

Plaisir viscéral et plaisir épicurien : quels effets sur la prise alimentaire ?

En matière d’alimentation, il y a plaisir et plaisir : plaisir viscéral et plaisir épicurien. C’est le distinguo que proposent Pierre Chandon et ses collaborateurs dans un article récemment paru dans les Cahiers de Nutrition et de Diététique. Selon eux, différencier ces deux types de plaisir permettrait de mieux appréhender les déterminants de notre prise alimentaire.

Plaisir viscéral et plaisir épicurien

L’un des deux plaisirs que nous retirons de l’alimentation serait ainsi le plaisir viscéral : celui-ci provient de la satisfaction de nos besoins physiologiques (rassasiement en réponse à la faim) mais aussi de la satisfaction des envies viscérales déclenchées par notre environnement alimentaire, par exemple par l’odeur ou la vue d’un aliment.

Pour les auteurs, il peut se résumer à un corollaire de la satisfaction de besoins viscéraux.

Contrairement au plaisir viscéral, le plaisir alimentaire épicurien provient quant à lui de l’appréciation des dimensions sensorielles, symboliques et culturelles des aliments. Il résulte d’une démarche consciente des consommateurs et d’une attention intense portée aux aliments au cours de leur consommation (pleine conscience alimentaire).

Le plaisir sensoriel ne croît pas avec la quantité

Les données récentes de la littérature tendraient à montrer que la recherche de plaisir alimentaire viscéral conduit à la surconsommation, tandis que le plaisir épicurien favoriserait la modération sans compromettre le plaisir ressenti.

Le plaisir épicurien pourrait notamment amener les consommateurs à mieux tenir compte de l’évolution de leurs sensations hédoniques au cours du rassasiement : en effet, le plaisir sensoriel décroît au fur et à mesure du rassasiement, et donc avec la quantité consommée, expliquent les auteurs.

Ce phénomène est notamment illustré à travers l’exemple du « rassasiement sensoriel spécifique », phénomène bien connu des comportementalistes de l’alimentation, qui désigne la diminution du plaisir ressenti au cours de la consommation d’un même aliment (plaisir maximal aux premières bouchées puis diminution du plaisir voire lassitude jusqu’à ce qu’un autre aliment soit présenté).

Or le plaisir global perçu à la fin d’un repas ne serait pas la somme des plaisirs ressentis à chaque bouchée, mais une évaluation moyenne du plaisir ressenti au cours de la consommation, qui tend à diminuer au cours du repas. En limitant les quantités consommées, loin de le diminuer, on peut ainsi accroître le plaisir global moyen ressenti.

Un focus sur les dimensions hédoniques réduit la taille des portions

À travers une série d’expériences, les auteurs ont pu démontrer les conséquences concrètes de ces concepts différents du plaisir, en particulier sur les tailles de portions.

Dans deux études (l’une chez des enfants, et l’autre chez des adultes), le fait d’inviter les participants à imaginer les sensations procurées par des aliments-plaisir (saveur, odeur, texture en bouche) les conduisait à choisir des tailles de portions plus petites.

Pour justifier leur choix, les participants déclaraient anticiper davantage de plaisir avec la portion de petite taille.

D’autres études publiées par les auteurs dans cette lignée ont montré que des consommateurs adultes naturellement sensibles aux dimensions épicuriennes de l’alimentation se tournaient vers des choix de portions plus petites par rapport aux consommateurs présentant des tendances viscérales.

Et ce pour des populations de culture alimentaires aussi différentes que celles des Etats-Unis ou du Québec.

De quoi inciter les mangeurs à remettre l’expérience sensorielle et hédonique au cœur de leur alimentation pour une meilleure gestion des quantités consommées. Et à faire de ce plaisir là, l’allié d’une meilleure alimentation.

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A retenir

  • Deux types de plaisir peuvent être distingués en alimentation : le plaisir viscéral, lié à la satisfaction de la faim et/ou des envies déclenchées par notre environnement alimentaire ; et le plaisir épicurien, porté par les dimensions sensorielles, culturelles et symboliques de l’alimentation.
  • Si le plaisir viscéral a tendance à stimuler la consommation, le plaisir épicurien inciterait au contraire à la modération et peut être utilisé pour améliorer nos comportements alimentaires.

Sources

  • Plaisir épicurien, plaisir viscéral et préférence de tailles de portions alimentaires. Yann Cornil, Pierre Chandon, Nouha Touati. Cahiers de Nutrition et de Diététique, 2018
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