Mars 2025
Le maintien d’une masse musculaire suffisante est un facteur clé d’un vieillissement en bonne santé. Or, en plus de la
résistance anabolique musculaire [1] « naturelle » qui apparaît au cours du vieillissement,
d’autres facteurs et situations métaboliques à risque peuvent favoriser la fonte musculaire : sédentarité, perte de poids rapide chez des individus en situation d’obésité (20 à 40 % du poids perdu correspond à de la masse musculaire chez les patients recevant des analogues du GLP-1 !) … conduisant à des situations cliniques complexes telles que
l’obésité sarcopénique.
Alors que
de nombreux essais cliniques combinant activité physique et supplémentation protéique ont cherché à identifier les interventions les plus efficaces pour le maintien de la masse et de la fonction musculaire chez les seniors,
des chercheurs canadiens ont repris les données issues de l’un de ces essais, à savoir une étude menée en 2018-2019 à Hamilton, au Canada,
pour identifier les facteurs prédictifs du succès/de l’échec de telles interventions.
L'obésité et les troubles métaboliques : des freins à la réponse anabolique
L’essai avait porté sur
32 hommes âgés de 65 ans ou plus, réalisant pendant
3 mois un programme
d’activité physique (renforcement musculaire et marche) et recevant un
supplément protéique « complet » (protéines laitières, vitamines D et huile de poisson), versus « incomplet » pour les témoins (collagène [2] et huile de carthame).
À travers une réanalyse des données de cet essai, les chercheurs montrent que la réponse musculaire à l’intervention (gain de masse maigre, force musculaire, performance),
est inversement corrélée à l’IMC (i.e. les hommes obèses à l’inclusion répondent moins bien)
et au nombre de troubles métaboliques présents chez le patient (plus les troubles métaboliques s’accumulent – obésité abdominale, dyslipidémie, hypertension – plus la réponse anabolique est faible). Autrement dit,
l’obésité et le syndrome métabolique constituent d’importants déterminants de la résistance anabolique chez les sujets âgés. Chez les sujets présentant une obésité et au moins un autre trouble métabolique, ceux recevant le supplément protéique le plus qualitatif présentaient néanmoins une meilleure réponse anabolique.
Pour les chercheurs, ces résultats suggèrent
qu’une prise en charge globale, reposant à la fois sur la modification du mode de vie (activité physique quotidienne, alimentation saine suffisante en protéines de qualité), couplée à des interventions combinant renforcement musculaire et supplémentation protéique, est nécessaires pour juguler la fonte musculaire et le risque d'obésité sarcopénique chez les personnes âgées atteintes d’obésité et de troubles métaboliques (Figure).
Figure : Facteurs favorisant la résistance anabolique dans l'obésité sarcopénique et contre-mesures possibles
[1] La résistance anabolique musculaire désigne la moindre sensibilité des muscles à des stimuli anaboliques, tels que l’apport protéique ou l’exercice physique, réduisant l’accrétion musculaire.
[2] Contrairement aux protéines laitières, le collagène est pauvre/déficitaire en certains acides aminés et possèdent un potentiel anabolique plus faible.