Septembre 2021
Selon les études de chrononutrition les plus récentes, au-delà des moments auxquels nous consommons nos aliments, la durée des périodes entre les prises alimentaires pourraient aussi impacter la santé métabolique. Ainsi, le concept de jeûne intermittent est apparu dans le cadre de la lutte contre l’obésité et de ses complications métaboliques. Dans une revue récente, des chercheurs de l’université de Strasbourg font le point sur ce type de régime en examinant ses liens avec l’horloge biologique.
Le concept de jeûne intermittent
Le jeûne intermittent au sens large consiste à alterner des périodes de prises alimentaires (sans restriction) et des périodes de jeûne. La temporalité de ces deux phases est très variable selon les études : elles peuvent se succéder à l’échelle de la semaine (5 jours / 2 jours par exemple, régime connu sous le nom du 5:2 diet dans les pays anglosaxons), de quelques jours (1 jour / 1 jour, appelé régime eat-stop-eat) ou de la journée (manger sur une période de 6 à 10 h dans la journée, et jeûner ensuite pendant 14 à 18 h, régime dit TRF pour time-restricted feeding).
Les études, aux méthodes et résultats hétérogènes, n’ont pas permis d’esquisser de consensus quant aux effets du jeûne intermittent sur la santé métabolique.
Les auteurs se sont ainsi intéressés ici aux effets spécifiques d’une des formes de jeûne intermittent, le TRF. Et selon eux, synchroniser les périodes de prises alimentaires avec l’horloge biologique serait la clé de l’efficacité de ce régime.
Jeûne intermittentet santé métabolique
Plusieurs études se sont intéressées au TRF présentant une fenêtre d’alimentation en début de journée (entre 8 h et 18 h). Celui-ci semble efficace chez les personnes en surpoids ou obèses, entraînant une perte de poids, une diminution de l’appétit, une amélioration de la sensibilité à l’insuline des patients diabétiques et prédiabétiques, ainsi qu’une amélioration des marqueurs cardiovasculaires, autant de facteurs associés à la santé métabolique. Dans d’autres études, la phase d’alimentation était décalée plus tard dans la journée, avec des résultats plus mitigés sur le poids et pas d’effet sur les marqueurs métaboliques (glycémie, lipidémie, pression artérielle). Enfin, d’autres études imposant une durée de jeûne journalière mais laissant le choix de la plage horaire ont également montré des résultats hétérogènes sur le poids et la pression artérielle, et pas d’effet sur les taux sanguins de glucose et d’insuline.
Ainsi, ces résultats suggèrent qu’il est crucial d’aligner l’horaire de la prise alimentaire avec le rythme circadien pour optimiser les effets du jeûne. Toutefois, bien que les bénéfices du TRF semblent plus marqués quand l’alimentation est limitée à la première partie de la journée, il n’existe pas de consensus à ce sujet et des essais randomisés sont encore nécessaires pour comparer différentes plages horaires.
En outre, les auteurs insistent sur une limite du TRF : malgré ses effets prometteurs et l’avantage de ne pas imposer de restrictions alimentaires, ce jeûne commençant en fin d’après-midi est difficilement compatible avec une vie familiale, sociale et professionnelle.
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