Devant les résultats parfois contradictoires des études ayant examiné les relations entre le niveau de consommation de glucides et le risque cardiovasculaire, une équipe coréenne a entrepris une méta-analyse des études sur la question, avec une attention toute particulière portée à un facteur explicatif potentiel d’hétérogénéité des résultats : l’origine géographique des populations considérées dans les études. Après un processus de recherche systématique dans trois bases de données et un processus de sélection détaillé selon la méthode de référence PRISMA, les chercheurs ont inclus 23 études de cohorte prospectives dans leur analyse.
Un risque cardiovasculaire associé aux fortes consommations…
En combinant l’ensemble des résultats de ces études, ils observent un risque accru (+ 15 % environ) de survenue de maladie cardiovasculaire chez les individus présentant les plus fortes consommations de glucides, par rapport à ceux en consommant le moins. Les chercheurs montrent que le risque n’augmente pas de façon linéaire : il croît de façon marquée au-delà d’apports en glucides supérieurs à 60 % de l’apport énergétique quotidien, suggérant qu’il pourrait s’agir d’un seuil au-delà duquel les glucides impactent particulièrement le risque cardiovasculaire (Figure).
… significatif uniquement dans le groupe d’études asiatiques
Les chercheurs ont ensuite séparé les études selon leur origine géographique – 6 menées en Amérique, 11 en Europe et Océanie et 6 en Asie – et ont alors constaté que l’association n’était significative que dans le groupe d’études asiatiques. Le risque était alors augmenté de 50 % environ chez les plus forts consommateurs de glucides.
Les populations asiatiques pourraient cumuler deux facteurs de risque à même d’expliquer cette spécificité. D’une part, elles présentent des apports en glucides plus importants que les populations occidentales, pouvant dépasser 80 % des calories ingérées (Corée) ; or de tels apports pourraient déréguler le métabolisme hépatique et induire des déséquilibres nutritionnels liés aux faibles apports en lipides et protéines. D’autre part, les populations asiatiques pourraient présenter des différences génétiques créant chez elles un surrisque métabolique. Une moindre capacité de sécrétion d’insuline a notamment été documentée en Asie de l’Est, ce qui pourrait favoriser les situations d’insulino-résistance et le diabète de type 2, deux facteurs de risque majeurs de MCV.
Des différences à considérer pour la prévention nutritionnelle
En dépit des limites de leur analyse, et notamment de l’absence de différenciation des types de glucides considérés, les chercheurs soulignent l’importance de prendre en compte les différences ethniques et d’habitudes alimentaires des populations lors de l’établissement de recommandations nutritionnelles pour la prévention des MCV.