Juin 2021
Manger de façon intuitive – c’est-à-dire selon ses signaux de faim et de satiété – est une des stratégies proposées pour améliorer son alimentation. Quels sont les liens entre cette façon de consommer ses aliments et les comportements liés à la gestion du poids ?
Pour le savoir, des chercheurs ont analysé les questionnaires renseignés par 1 660 sujets participant aux projets EAT-III (évaluation initiale en 2008-2009) et EAT-IV (suivi à 5 ans en 2015-2016), qui étudient l’évolution du poids de jeunes adultes américains. Ces questionnaires évaluaient l’alimentation intuitive, mais aussi le poids et les comportements alimentaires des sujets : régimes, « binge eating » (épisodes d’hyperphagie incontrôlée) et autres comportements visant à perdre ou maintenir son poids. Ces derniers étaient classés en comportements déviants autour de la minceur (sauter des repas, prendre des pilules minceur, se faire vomir, etc.) ou en comportements sains (faire de l’exercice, manger plus de fruits et légumes, etc.).
Moins de surpoids, de régimes, de binge eating et de comportements déviants
Au début de l’étude, 58 % des femmes et 63 % des hommes mangeaient de façon intuitive. Cette alimentation intuitive initiale au début de l’étude était associée à moins de surpoids, de régimes, de comportements déviants pour la gestion du poids et de binge eating 5 ans après. Cependant, par une série d’ajustements statistiques, les chercheurs montrent que ces associations n’étaient pas indépendantes du poids et des comportements de départ des sujets, en particulier chez les femmes. Traduction des auteurs ? Les associations entre l’alimentation intuitive et les trajectoires de poids des individus pourraient s’établir dès le début de l’âge adulte et être bidirectionnelles (dans un sens, l’alimentation intuitive pourrait protéger du surpoids ; dans l’autre, c’est le surpoids qui pourrait éloigner les individus d’une alimentation intuitive). Ces résultats, qui ont l’originalité de suivre les sujets dans le temps et donc leur trajectoire de poids, corroborent ceux de précédentes études transversales, mais les associations sur le long terme et les différences entre hommes et femmes méritent d’être éclaircies.