Addiction alimentaire :
consensus, controverses et pistes de recherches

Addiction alimentaire : consensus, controverses et pistes de recherches

03 juin 2021

Dans le cadre de sa section dédiée aux « Grands débats en nutrition », l’American Journal of Clinical Nutrition a invité Ashley N Gearhardt et Johannes Hebebrand, deux experts internationaux du comportement alimentaire et de l’addiction, à confronter leur point de vue sur le concept d’alimentation addictive et de sa contribution à la surconsommation et à l’obésité. 

Un consensus sur les comportements alimentaires de type addictif

Première conclusion : de nombreux points font l’objet d’un consensus entre les deux scientifiques. Ils conviennent ainsi :

- qu’il existe des comportements alimentaires de type addictif, marqués par une perte de contrôle des consommations, des pulsions alimentaires et une surconsommation d’aliments malgré des tentatives répétées pour la réduire ;

- que les mécanismes impliqués dans les addictions en général (système de récompense et du contrôle exécutif) sont les mêmes que ceux qui contribuent à la surconsommation et à l'obésité ;

- que l’industrie agroalimentaire a un rôle à jouer pour améliorer la qualité nutritionnelle des aliments et limiter le marketing à destination des populations vulnérables dont les enfants. Cependant d’autres secteurs contribuent à l’obésité, en favorisant par exemple le temps passé devant les écrans.

- que l’obésité est une pathologie multifactorielle et que l’addiction alimentaire ne concerne qu’une partie des personnes obèses et touche aussi des personnes de poids normal. Autrement dit, l’obésité n’est pas synonyme d’addiction alimentaire.

Un désaccord sur le potentiel addictif des aliments

En revanche, les deux experts sont en désaccord sur l’idée selon laquelle les ingrédients des aliments de faible qualité nutritionnelle et/ou ultra-transformés (présence de glucides à index glycémique élevé, de graisses, de sel, d’additifs…) pourraient être responsables d’une dépendance.

Pour Ashley N Gearhardt, étendre le concept de substance addictive aux aliments de faible qualité nutritionnelle et/ou ultra-transformés permettrait de soutenir les politiques de santé publique en faveur d’un environnement alimentaire sain.

Pour Johannes Hebebrand, aucune donnée scientifique actuelle ne démontre le potentiel addictif intrinsèque des aliments ou de leurs ingrédients, comparable à celui des drogues. Les facteurs comportementaux lui semblent jouer un rôle bien plus décisif dans les épisodes alimentaires de type addictif. Elle propose de différencier ces comportements dans une classification des troubles addictifs (addiction alimentaire, pulsions alimentaires, suralimentation).

Des recherches encore nécessaires pour nourrir le débat

Finalement, les deux scientifiques s’accordent sur les nombreux besoins de recherches à mener pour éclairer les zones d’ombre qui demeurent dans le débat sur l’addiction alimentaire. Les chercheurs appellent notamment des travaux explorant l’impact des différents composés alimentaires (et de leurs interactions) sur le cerveau, ou étudiant les interactions entre les circuits neurophysiologiques régulant l’appétit et le poids et ceux impliqués dans les troubles addictifs. Enfin, ils soulignent le besoin d’un consensus quant aux critères d’identification et de mesure du caractère addictif d’une substance ou d’un comportement alimentaire, afin de proposer des solutions adaptées en fonction.

american-journal-of-clinical-nutrition-addiction
Alors que le débat autour de l’addiction alimentaire semble parfois polarisé, et bien que des controverses demeurent bel et bien, un article des « Grands débats en nutrition » de l’American Journal of Clinical Nutrition fait ressortir un socle commun de pensée sur le sujet.

A retenir

  • Selon deux experts du domaine de l’addiction et des troubles alimentaires, un comportement alimentaire de type addictif, notamment caractérisé par une perte de contrôle des consommations et des pulsions alimentaires, existe ;
  • L’obésité n’est pas synonyme d’addiction alimentaire ;
  • En revanche, il n’existe pas de consensus sur le caractère addictif des aliments.
  • Pour répondre aux questions non résolues autour de l’addiction alimentaire, des recherches seront encore nécessaires.

Sources

  • The concept of "food addiction" helps inform the understanding of overeating and obesity: Debate Consensus. Gearhardt AN, Hebebrand J. Am J Clin Nutr. 2021 Feb 2;113(2):274-276.
×

Nous récoltons vos données

Nous stockons et accédons à des informations non sensibles sur votre appareil, comme des cookies ou l'identifiant unique de votre appareil, et traitons vos données à caractère personnel comme votre adresse IP ou un identifiant cookie, pour des traitements de données comme la mesure du nombre de visiteurs. Ces informations seront conservées 6 mois à des fins statistiques. Vous pouvez faire un choix ici et modifier vos préférences à tout moment sur notre page concernant les cookies accessibles depuis toutes les pages de ce site web. Aucun cookie ne sera déposé si vous décidez de remettre votre choix à plus tard.
Tout accepter Tout refuser
×

Paramétrer les cookies

Nous déposons des cookies et utilisons des informations non sensibles de votre appareil pour améliorer nos produits. Vous pouvez accepter ou refuser ces différentes opérations. Pour en savoir plus sur les cookies, les données que nous utilisons, les traitements que nous réalisons, vous pouvez consulter notre politique de confidentialité.

Cookies de fonctionnement

Garantissent le bon fonctionnement du site et permettent de mettre en œuvre les mesures de sécurité.

Durée de conservation : 6 mois

Liste des responsables : Cultures Sucre

Liste des destinataires : Cultures Sucre

Toujours actifs

Cookies de mesure d'audience

Cookies permettant d'obtenir les statistiques de fréquentation du site (nombre de visites, pages les plus visitées, …).

Durée de conservation : 6 mois

Liste des responsables : Cultures Sucre

Liste des destinataires : Cultures Sucre