Emploi : comment l’industrie sucrière cultive des compétences de haut niveau pour des emplois durables...

Emploi : comment l’industrie sucrière cultive des compétences de haut niveau pour des emplois durables...

25 octobre 2021

En France, la production de sucre de betterave et d’éthanol offre des débouchés à près de 24 000 agriculteurs et ses activités industrielles génèrent 6 000 emplois directs. Ces métiers dédiés au procédé d’extraction du sucre présentent des caractéristiques qui les distinguent de la plupart des secteurs agroalimentaires, formant une cartographie de l’emploi et des compétences propres à la filière betterave-sucre-éthanol.

Des activités industrielles rythmées par la nature

La première caractéristique des métiers de l’industrie sucrière est liée à la nature de la matière première – la betterave sucrière – qui, d’une certaine manière, impose son rythme à la production. En effet, afin de ne pas perdre sa teneur en sucre, la racine de betterave doit être mise en œuvre au plus vite après récolte. C’est une des raisons pour lesquelles les sucreries sont toujours implantées au cœur des zones de production agricole, dans un rayon moyen de 30 km. Mais cette contrainte est aussi à l’origine de la notion de « campagne sucrière » qui exprime le caractère saisonnier du procédé sucrier.

Selon les régions et les conditions climatiques de l’année, la campagne sucrière démarre fin septembre ou début octobre pour battre son plein jusqu’en janvier. Sur ces quelques semaines, la totalité des quelques 30 millions de tonnes de betteraves qui arrivent tout droit des champs doivent être absorbées par les 21 sucreries que compte la France métropolitaine. Les équipements dédiés à l’extraction du sucre tournent alors à plein régime, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Puis, à l’issue de la campagne, la sucrerie vit sur un autre rythme où la maintenance et l’entretien de l’outil industriel occupent une place prépondérante.

Les interventions sont réalisées en interne, portant sur des équipements extrêmement spécialisés et diversifiés : chaudières et machines sous pression, turbines et séchoirs, tapis roulants, circuits électriques, réseaux informatiques, automates... L’entretien du diffuseur, outil emblématique du procédé sucrier, peut nécessiter de  3 000 à 5 000 heures de travail chaque année !

Chaque sucrier a deux métiers

Conséquence directe, tous les personnels dédiés à la production sont des techniciens formés à d’autres métiers : chaudronnier, électricien, mécanicien, électromécanicien, soudeur, technicien spécialisé (robinetterie, automatismes...). « Ils sont recrutés sur ces qualifications, du niveau CAP à Bac+2, puis ils sont formés en interne aux métiers de la campagne sucrière, chacun sous l’autorité d’un "tuteur" qui les accompagne tout au long de leur formation qui peut s’étendre sur plusieurs campagnes », précise Nadine Jourdan, responsable de la formation Branche au sein du Syndicat national des fabricants de sucre (SNFS).

Ce compagnonnage est une tradition historique au sein des sucreries. Afin de donner un cadre aux contenus et protocoles de formation, la profession s’est dotée d’un organisme dédié, l’Association de formation de l’industrie sucrière (Afisuc), chargé de transmettre les connaissances et savoir-faire très spécifiques des activités sucrières. De plus, en 2007, les partenaires sociaux ont mis en place un certificat de qualification professionnelle, « CQP Conduite de process ». Cette formation dispensée par des experts du process sucrier est soumise à des évaluations internes et externes, et le Certificat est reconnu par l’État.

Des compétences recherchées sur le marché de l’emploi

« Traiter 15 000 tonnes de betteraves par jour nécessite un outil industriel d’une envergure quasiment sans équivalent dans le secteur agroalimentaire, souligne Gilles Schrevel, ingénieur, consultant et formateur spécialiste du process sucrier. Une sucrerie est donc un outil extrêmement lourd, complexe à faire fonctionner et soumis à des règles de sécurité draconiennes, notamment en raison du grand nombre d’appareils sous pression qui utilisent de la vapeur. Les collaborateurs des sucreries doivent produire de très gros volumes tout en assurant la continuité de la production et la qualité du produit final, le sucre. Ils doivent être réactifs et avoir le sens de l’initiative. Ce sont donc des professionnels d’un très haut niveau de compétences et de technicité, dans leurs métiers de campagne et d’intercampagne, mais aussi sur les questions d’hygiène et de sécurité qui sont primordiales dans cet univers. »

Dans un contexte économique favorisant la mobilité et où les salariés ne peuvent avoir la garantie d’occuper le même emploi durant toute leur vie professionnelle, cette polyvalence associée à une excellente maîtrise des techniques de production est un atout pour garantir le maintien dans l’emploi des collaborateurs du secteur sucrier. Les restructurations et fermetures de sites qui, dans les années 2000, ont suivi la réforme du régime sucrier européen et l’abandon des quotas de production, ont conforté la branche dans sa volonté de renforcer l’employabilité du personnel.

Un univers attractif, ouvert aux hommes et femmes passionnés par les techniques industrielles

Autre conséquence de la saisonnalité des activités sucrières, les sites sont amenés à doubler leurs effectifs pendant la campagne sucrière. Ils font alors appel à des collaborateurs saisonniers qui, souvent, reviennent prendre leur poste d’année en année. C’est une spécificité bien connue des bassins de production sucrière qui permet à des personnes de combiner le travail en sucrerie avec une autre activité saisonnière, par exemple dans la restauration ou les loisirs. Et, là encore, une expérience de quelques campagnes sucrières constitue une excellente carte de visite pour postuler dans d’autres secteurs industriels.

Comme le note Gilles Schrevel, « le monde de la sucrerie a considérablement évolué depuis une décennie. Hier, on "entrait en sucrerie" pour y rester toute sa vie professionnelle, mais aujourd’hui il y a plus de turn over. De plus, cette profession naguère très masculine s’est largement ouverte aux femmes, au niveau des fonctions d’ingénieur mais aussi en production grâce aux évolutions de la législation sur le travail de nuit. Enfin, les méthodes managériales et les technologies ont elles aussi évolué. Les compétences sont de plus en plus pointues et pluridisciplinaires : énergies renouvelables, régulation, automatisation, métrologie... Tout ceci a permis de rajeunir les effectifs et de rendre ce métier encore plus attractif pour celles et ceux qui ont la fibre industrielle ! »

Des activités et des emplois solidement enracinés

Au niveau fonctionnel et hiérarchique, l’emploi en sucrerie couvre les quatre grandes catégories socio-professionnelles de l’industrie (cadre, agent de maîtrise, employé, ouvrier qualifié) avec des intitulés de postes spécifiques : directeur technique, ingénieur process, chef de fabrication, surveillant, chef de poste et conducteur de process. Signe de la polyvalence caractéristique du métier, un conducteur peut être affecté à plusieurs ateliers qui demandent chacun une solide maîtrise des équipements et des procédures : lavage des betteraves, diffusion, cristallisation, conditionnement, sachant que cet atelier reste opérationnel toute l’année.

À ces emplois s’ajoutent les fonctions techniques et administratives indispensables au fonctionnement de l’usine : Direction, Gestion-Administration, Ressources Humaines, Logistique, Achats, Laboratoire, Qualité, Hygiène, Sécurité et Environnement, Travaux neufs...

Enfin, comme le rappelle Gilles Schrevel, « les sucreries sont approvisionnées en betteraves par les planteurs locaux. Ce lien historique profond entre les métiers agricoles et industriels a permis de construire une filière betterave-sucre-éthanol performante et solidement structurée. » Un atout de taille dans la mesure où l’implantation conjointe des activités agricoles et d’un outil industriel de grande envergure au cœur des territoires favorise l’enracinement et contribue au caractère non délocalisable des emplois. Une sécurité supplémentaire pour les collaborateurs de la filière comme pour les fournisseurs et partenaires locaux.

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